Les chansons de Both Ways Open Jaws, deuxième album de The Dø, étonnent dans un premier temps par la richesse de leur production, par leur côté chansons-à-tiroir. Par la liberté prise par le groupe à déjouer les attentes de ceux qui souhaitaient une deuxième œuvre à l’image de la première. Au contraire, ce disque semble emprunter d’autres directions, parfois risquées. Ah ce beau risque de l’expérimentation, ces violons qui veulent signifier plus que ce qu’ils expriment, ces superpositions de couches n’en finissant pas de se déplier.
On avait un peu senti ceci avec un groupe comme CocoRosie, cette volonté de faire coïncider pop et classique ; ce qui correspond évidemment à une longue tradition musicale, datant des années 60. Seulement plusieurs écoutes ont permis d’y voir clair, de comprendre que ce qui séduisait au début n’était qu’un leurre. Derrière l’épaisse couche de production se trouvent assez peu d’idées inventives. La faiblesse des compositions procède de l’absence de profondeur – d’espace – à laquelle s’ajoute une impression de déjà-vu, qu’on retrouve régulièrement chez plusieurs groupes actuels possédant le talent pour le recyclage. Depuis la fin des années 90 s’est établie une curieuse passion pour le remake, qu’on commence seulement maintenant à remarquer.
Mais certains recyclent mieux que d’autre : tel est le cas de The Dø, qui arrive parfois à apporter de nouveaux éléments. Pour s’en convaincre, il suffit de prêter attention à la deuxième partie de l’album, où l’on trouve les surprenants "B.W.O.J" – son audace électronique − et "The Calendar" – sa mélodie obsédante. Cela ne suffit pas pour faire un bon album, mais permet d’ouvrir le champ à d’autres tentatives. |