Réalisé par Manoel de Oliveira. France-Espagne-Portugal-Brésil. Drame. Durée : 1h35. (Sortie le 16 mars 2011). Avec Pilar López de Ayala, Ricardo Trepa et Filipe Vargas.
Comme à leur habitude, Épicentre Films nous offre le nouveau film du patriarche du cinéma mondial, Manoel de Oliveira. Un film fantôme, un film dépouillé comme peut l’être l’art mature d’un homme arrivé aux portes de la sagesse. Il y a dans ce film sobre une relation à l’image comme œuvre de résurrection.
Il ne peut en être autrement.
Simplement parce que la simple histoire de ce jeune photographe (Ricardo Trepa) appelé en urgence auprès d’une riche famille pour venir faire une dernière photo, (la belle endormie n’est pas loin), de leur fille Angélica (Pilar Lopez de Ayala) qui vient de décéder juste après son mariage, est une écriture contée. Comprenez une écriture rappelant les œuvres du XVIIIème siècle par son dépouillement dans la magie sociale.
Nous le voyons bien, nous le comprenons, à travers l’œilleton de l’appareil photo d’Isaac, c’est la vie qui renaît. Non pas comme un miracle (il est vite balayé d’un revers) mais comme réalité cinématographique. John Ford ne faisait-il pas dire à un de ses personnages cette phrase célèbre "lorsque la légende est belle que la vérité, on imprime la légende"… Paraphrasant l’auteur de "L'homme tranquille", on peut écrire et dire, haut et fort que "L’étrange affaire Angélica" est un conte qui nous prend sans artifice, la main, pour nous mener de l’autre côté du miroir.
Ce que l’on ressent à travers le déroulement du film c’est tout simplement le bien être, d’être ainsi, face à un conteur. Une histoire qui nous parle d’éternité. Voilà un beau thème que l’on perçoit, comme décor. D’ailleurs c’est toute la finesse de Manoel de Oliveira d’oser, par touches, déconnecter notre regard de la représentation du réel. Voir le film c’est se sentir dans une œuvre intemporelle (la bonne idée de mélanger par touches quelques époques sans pour autant faire des anachronismes).
Il faut une fois de plus féliciter le courage d’Épicentre de nous faire découvrir des films qui se regardent dans le bonheur. Décidément Monsieur Oliveira, est un homme de cinéma, comprenez, un type qui sait raconter des histoires sans nous bourrer le mou par des effets qui cachent le plus souvent l’impuissance scénaristique.
Un film qu’il faut voir, et vite... |