Dans le cadre des publications autour de l'exposition "Odilon Redon, Prince du Rêve" qui se tient du 9 mars au 6 juin 2011 au Grand Palais, Vincent Noce, journaliste
critique d'art au quotidien Libération, publie un essai intitulé" "Odilon Redon, dans l'oeil de Darwin" qui se penche notamment sur
l'impact artistique du scientisme qui sévissait au 19ème siècle.
En fait, l'opuscule se présente à la fois comme une biographie succinte, une compilation de différents ouvrages et études tant scientifiques que d'histoire de l'art relatives à la vision de l'artiste et une glose personnelle de l'auteur sur certaines oeuvres de ce dernier qui concourent à une analyse in situ d'un dessinateur et peintre singulier qui était peu prolixe quant à ses influences assumées.
Aucune oeuvre n'existant in abstracto, détachée de tout contexte tant artistique, socio-politique, événementiel, qu'humain, les historiens d'art ont trouvé dans l'atypisme de Odilon Redon un champ d'investigation particulièrement riche du fait, de surcroît, de ses dénégations ou de ses reniements.
Vincent Noce se penche particulièrement sur les personnalités fondatrices que furent le botaniste Arnaud Clavaud et le graveur Rodolphe Bresdin et sur le scientisme qui affecta le 19ème siècle.
Car né en 1840 et mort en 1916, Odilon Redon appartient à la génération qui va se trouver confrontée à des découvertes technologiques, tels le microscope et le télescope, qui ont modifié la perception du réel, et donc influencé sa représentation, aux travaux de Charles Darwin sur l'évolution des espèces, qui ont bouleversé la théorie des origines de l'homme, et à l'essor des sciences psychiques, de l'occultisme à la psychanalyse, qui ont favorisé l'engouement pour toutes les manifestations "paranormales" de l'inconscient.
Ce qui pourrait bien avoir nourri par syncrétisme l'art de ce prince du rêve, tel que l'a qualifié
le collectionneur et critique d’art Thadée Natanson.
Et Vincent Noce de conclure : "Tout son art s'oppose au vacarme qui gagne son entourage, aux violences et aux haines qui se délient autour de lui, annonciatrices de catastrophes comme l'humanité n'en avait jamais connues". |