Tragi-comédie de Shakespeare, mise en scène de Lilo Baur, avec Hélène Cattin, Gabriel Chamé Buendia, Ludovic Chazaud, Pascal Dujour, Mich Ochowiak, Kostas Philippoglou, Marie Payen, Ximo Solano et Gaia Termopoli.
"Le conte d’hiver" de Shakespeare commence comme un drame de la jalousie, un roi plus délirant qu’Othello, puisque son soupçon étayé par rien ni personne entraîne la destruction de sa famille, se mue en riante pastorale et finit comme une féerie avec résurrection et pardon après rédemption du coupable.
Sans en altérer la thématique forte de l’amour, et son noir pendant, de ce conte pour grandes personnes à la morale judéo-chrétiennne dont texte traduit par Bernard-Marie Koltès en restitue aussi bien les accents tragiques que la verve plébéienne, Lilo Baur prend résolument le parti du registre du fabuleux.
Et pour représenter cette pièce à géométrie variable qui traverse le temps et les océans, elle s’est bien gardée d’encombrer le plateau d’une machinerie imposante et spectaculaire privilégiant une scénographie légère et astucieuse, conçue en collaboration avec James Humphrey, à base de trouvailles plaisantes, n'était le vilain mur de pierres en carton pâte de fond de scène, et de paravents mobiles.
Manipulés par les comédiens aux talons ailés arborant de délicieux costumes de légende confectionnés par Agnès Falque, ils circonscrivent les différents lieux d’action d’une histoire dont Lilo Baur a voulu chorégraphier chaque tableau comme se tournent les pages d’un livre d’images dans l'esprit du théâtre vide de Peter Brook dont elle fut l'assistante.
Toutefois, le spectacle ne parvient que par bribes à s'élever dans l'art féérique et pâtit d'un manque de fluidité et de cohérence dû à une mise en scène trop tempérée et à l'interprétation de comédiens venus des quatre coins du monde qui, loin d'épicer l'ensemble, conduit au salmigondis.
En effet, le choix d'une distribution cosmopolite génère souvent l'écueil de la babelisation avec la multiplicité des accents, la disparité des accents toniques et la diversité de jeu selon la formation des officiants. D'autre part, en l'occurrence, semble-t-il, et contrairement à la démarche courante d'élaborer une distribution en fonction de la partition choisie, le choix de la réunion de ces acteurs prééxistait et leur emploi comme leurs moyens ne correspondent pas toujours avec le générique de la pièce.
Cela étant, certains comédiens tirent néanmoins leur épingle du jeu tels Gabriel Chamé Buendia,
époustouflant fil rouge, Aline Papin en accorte dame de compagnie, Mich Ochowiak en colporteur et dans le rôle du couple royal Marie Papin et Kostas Philippoglou. |