One man show écrit et mis en scène par Les frères Gitenet, interprété par Tano.
Tano se présente : ses origines parentales, un père italo-niçois et une mère corse , le prédestinaient à être gangster. Il est devenu humoriste. Cela étant même dans ce registre il use d'un bazooka, en l'occurrence de l'arme insulaire qu'est la bombinette, et tire plus vite que son ombre. Peut-on rire de tout ? Oui affirme-t-il à condition de courir vite.
Et effectivement, il faut courir vite avec ce one man show à sketches qui fonce à tombeau ouvert, comme un des personnages de sa galerie de monstres de la connerie, le moniteur d'auto école éthylique qui fait l'éloge de la conduite en état d'ivresse.
Partie prenante dans la partition co-écrite avec son frère, les Frères Gitenet, encore la famille, et d'ailleurs toujours la famille avec une autre de ses têtes de turc, non pas le parrain mais le tonton dynamiteur éclaboussant de bêtise torve, l'oncle corse militant indépendantiste qui fait plutôt figure de guignol dans un jeu de massacre de fête foraine.
D'ailleurs c'est bien à ce jeu qu'invite Tano harnaché d'un humour à déclencher une fatwa corses et ameuter les chiennes de garde. Car, avec l'esthéticienne frappadingue spécialisée dans les épilations croupiennes masculines et la péripatéticienne pathétique dans sa pitoyable supplique générée par la surenchère médiatique de la télé-réalité, ses portraits de femmes ne font pas dans la dentelle tout en dessinant le portrait en creux, bien peu reluisant, tant des hommes qui leur font face que de la société contemporaine.
Avec ces tranches de vie bien saignantes, et tant par le physique que par le style d'humour, gueule d'ange, verbe cru et humour vitriolé, Tano évoque un des fondateurs de Hara-Kiri, le dessinateur Reiser, mort en 1983 et passé à la postérité avec ses personnages de Jeanine et du Gros dégueulasse, dont le grill du trait impitoyable et grotesque saisissait, en un aller-retour bien fumant pour les mettre en abîme, la connerie, le sordide et l'abject qu'il servait sans garniture.
Alors, bien évidemment, ça passe ou ça casse car le coeur est parfois au bord des lèvres, mais il faut que ça passe car c'est hardement jubilatoire et forcément roboratif.
