Le Prince Miiaou est une princesse.
Maud-Elisa de son prénom. Un prénom qui par sa propre originalité aurait pu se suffire à lui-même, mais non. Il fallait brouiller les pistes. Eviter de se faire coincer dans une certaine catégorie de "musique de gentille fille" ou pire, de "musique gentille de fille". Alors il y a de ça déjà 3 albums, Maud-Elisa fait le choix de cet alter-ego artistique, au hasard de pérégrinations littéraires.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul choix important que la jeune femme fera, celui de rester libre sera le plus important d’entre eux. Pour cela, il lui faudra se démerder toute seule, qu’il s’agisse de composition, d’écriture, d’arrangements, d’interprétation et même de production.
Pas étonnant donc que se dégage de cette 3ème autoproduction Fill The Blank With Your Own Emptiness une évidente liberté de ton. Egalement de grâce, à l’écoute de "J’ai deux yeux" et d’autodérision au visionnage de la video officielle de ce même titre. "Be Silent" ou la règle de la désobéissance, s’exprimera de manière explosive et mélodique à la fois. Quant au passé post-rock de Maud-Elisa, il refait ponctuellement surface notamment avec "I don’t know my name" , sans heureusement tomber dans les dégoulinances du genre.
Une certitude concernant cet album, c’est que rien n’est sûr, rien n’est arrêté, il n’y a pas de noir ni de blanc, mais beaucoup de contradictions : grâce et souffrance, intensité et fragilité, grandes épopées et intimité, calme et tempête. Une force car il est question de richesses émotionnelles et artistiques, mais peut-être aussi une faiblesse car il pourrait être question d’éparpillement ou d’un certain manque de confiance. La question se pose… ou pas finalement.
Car Fill The Blank With Your Own Emptiness s’écoute instinctivement, avec le ventre et les oreilles. Ronronnez maintenant. |