Réalisé par Carlos Saidanha. Etats-Unis-Canada-Brésil. Animation. Durée : 1h30. (Sortie le 13 avril 2011).
"Un film pour les petits et les grands". Pour une fois, la formule n’est pas usurpée. On pourrait même ajouter : "Un film pour les petits et les grands, ensemble".
Car "Rio" réussit le tour de force de ne pas travailler sur plusieurs niveaux simultanés. Pas de second degré grivois ou humoristique pour s’attacher la connivence des grands, pas trop de bêtes bêtas pour conquérir les petits.
Tout commence par un chatoyant ballet de perroquets multicolores dans la forêt amazonienne. Des ballets dignes des aquatiques d’Esther Williams ou des terres fermes de Busby Berkeley.
Et puis, boum ! Tout à coup, les odieux trafiquants d’oiseaux exotiques entrent en scène. Jamais dans "Rio", on ne passera sous silence cet envers de la médaille qui pourrait heurter les petits clients des films en 3 D. "Rio", c’est la musique magique de Sergio Mendes, la Bossa Nova, Ipanema et les plages peuplées de brésiliennes blondes et dorées, la samba et les chars du carnaval, mais c’est aussi les bidonvilles et les enfants livrés à eux-mêmes.
Bon, "Rio" n’est pas "Pixote", mais c’est un joli récit humaniste et rigolo, gentiment connoté de références pour analystes amateurs. Blu, le perroquet qui ne sait pas voler y parviendra quand il aura trouvé le chemin de sa perroquette. Sa maîtresse américaine, intellectuelle à lunettes, s’en va au Brésil pour confier son compagnon ailé - avec qui elle vit pratiquement maritalement - à un ornithologue brésilien, lui aussi à lunettes et à pulsions... La frigide libraire procédera àl’échange de ses mâles, en se retrouvant en petite tenue sexy sur un char de carnaval... en forme de perroquet... Eh oui, Monsieur Freud !
Pas la peine d’en dire beaucoup plus. Il y avait jadis "L’homme de Rio" ; aujourd’hui, c’est au tour du "Perroquet de Rio". D’ailleurs, si on le regarde attentivement, Belmondo, n’a-t-il pas un vrai profil de psittacidé ?
Il ne faut pas bouder son plaisir : dépaysement assuré pour ce divertissement assumé et virtuose. Et... Viva Brazil ! |