Nom de Zeus ! Dire qu’il fait si beau et que certains essaient encore de nous faire croire à la fin du monde. Mais c’est pas possible ça, faut les enfermer que je dis moi ! Ou les sortir, ça peut marcher. Quoique… Pas forcément. Pour tout vous dire, j’ai pris la décision d’arrêter de regarder TF1 et ses confrères qui alimentent mes cauchemars de trucs de plus en plus glauques… Je deviens tortue, je rentre ma petite tête ridée dessous ma carapace, je mâchouille de la laitue sans OGM, je prends ma copine souris dans les poches (elle a tellement insisté que je n’ai pas pu résister), et je Fil.
Pauvre souris, elle a pleuré au bout de cinq minutes, j’avais oublié son doudou grenouille dans le coffre de la voiture, mais comme la porte m’a dit que "toute sortie est définitive", je n’ai pas pu aller lui chercher… Quand elle s’est enfin calmée, elle a recommencé à pleurer. C’est de ma faute, c’était Sound Of Sunday, je lui ai raconté des histoires pour la calmer, et pas de bol, l’histoire était triste.
Un genre de vieux road movie américain, où le héros traverse le désert au volant d’une grosse Harley, des lunettes de soleil embuées de larmes, et des regrets pleins le dos.
C’est beau, cette guitare qui sait tout faire, accompagnée de douces percussions maracassiennes et tambourinniennes, ça sait même faire pleurer les souris et déprimer les tortues… ça sait même faire voyager dans des contrées désertiques et hasardeuses, et ça vient de Saint-Etienne (du bout de la rue si ça se trouve, ah non, c’est pas possible, au bout de la rue il y a un stade de foot…de l’autre bout de la rue alors ?). Une grenouille de passage nous a offert du jus de Limace pour sécher nos larmes et adoucir notre déprime.
Quand Troy Von Balthazar arrive, elle se cache dans ma capuche. Il ressemble à son banquier, un homme entre deux âges, une petite barbe grisonnante et une chemise bien repassée. Il dégaine une guitare électrique, joue un morceau sans la brancher et allume la petite machine qui va bien vers ses pieds. Le son fait s’envoler ma carapace, ma copine souris surfe dessus, jusqu’aux portiques à loupiottes là-haut. Mon voisin a des boules Quies.
Ce type est issu de l’agriculture atomique, il se nourrit exclusivement de fromages de chèvre produits par Foukouchima-village. Un phénomène. Du coup, il ne ressemble plus trop à un fonctionnaire en week-end, mais à une véritable bête de scène qui ondule au micro, fait des galipettes sur scène, lit la Bible, chante avec une radio sur l’épaule, joue et abuse de sa guitare électrique qui en redemande et vrille jusqu’à hypnotiser carrément le public conquis (avec des boues Quies…).
Et ce n’est pas fini, au moment où je sens un toc toc sur ma carapace, (copine souris me demande s’il va faire le tour de la scène en se mettant à toutes les places et en jouant avec tout comme un escargot qui n’a pas peur de la pluie), deux acolytes arrivent se placent de chaque côté, et je prends conscience de l’utilité des petits bouts de Babybel dans les oreilles de mes congénères. Comment dire ? C’est ce que j’ai ressenti le jour de la légalisation de la Batavia dans nos assiettes, ça a longtemps résonné dans les chaumières tortues.
Moins d’humour, mais toujours cette bonne humeur magnétique, Troy Von Balthazar passe à la vitesse supérieure (trois fois plus vite en fait) et nous livre des morceaux déchirés, rapeux, à en faire friser mes ongles de tortue (sourde). Il joue, il danse, il chante, il fait les cœurs, il dirige son groupe, manque avaler le micro plusieurs fois (enfin je crois), et tout ça sans respirer. Balèze, on ressort de là en se disant : "quoi ?", qu’est-ce que c’était ? Un tsunami radioactif (américain !) que je dis moi. La fin du monde est proche. Arf. |