Leur cœur est là où ils ne font de la musique qu’en bande, en gang, entre potes, le pays vert-jaune-rouge : la Jamaïque, la Kana Family est une sorte de référence de la musique reggae-jamaïcaine en France. Depuis 2000, ils n’ont jamais cessé de rouler leur bosse des scènes des festivals aux grandes et petites ondes, prônant l’écologie active et la tolérance.
Pour ce quatrième album, Internacional, ils se situent toujours entre soul, reggae, chanson française et musique afro-cubaine. Et ils sont complètement internationaux, avec des titres français, anglais, espagnol, portugais, et même en patois jamaïcain (je me disais bien que ça ne me disait rien cette langue chantée tout en roulée et en chaleur), qui se suivent et ne se ressemblent pas.
Etaient-ils visionnaires quand ils chantaient Plantation "pourquoi ça pousse pas ?" contre les OGM et l’industrialisation ? Le sont-ils encore quand ils chantent la peut de voir la terre s’effondrer ? Mais ils gardent cette tendresse douce-amère face au monde cruel, puisqu’il y a toujours un espoir, pour les pauvres, les abandonnés, s’il leur reste un peu de "Tendresse". Mais Kana ne serait pas reggae sans rébellion, sans crier "révolution" à tous les coins de rue, ce qu’ils font dans "Nouveau système (Rébellion mystique)", "Contrabandista" et les autres.
Et c’est ça leur petit secret, c’est qu’ils chantent la révolution, le changement, la bousculade des idées préconçues et à la fois, ils aiment toujours leur petite "Maman" comme au premier jour. La famille avant tout, au début, à la fin, les coudes serrés, et c’est ça la magie de ce groupe, la magie de la musique afro-cubaine. Ça me fait penser à ces longs repas de famille, qui commencent forcément très en retard, et se termine au coucher du soleil (voire plus tard), repas pendant lesquels on a débattu, rebattu, et re-re-battu, on a refait le monde, pensé aux disparus, pesté contre le gouvernement et imaginé un avenir meilleur. Et merde à ceux qui trouvent ça ringard, pour moi c’est précieux.
Exactement ce que fait la Kana Family. Ils ont tous le poing levé, ils crient liberté pour le peuple, Le Che et Gandhi sont leur idoles, mais ils ne se présentent pas aux élections, vous attendez quoi les mecs ? De toute façon, il n’est même plus nécessaire d’avoir un programme maintenant, alors venez avec vos rêves de monde en paix, vous allez faire fureur. |