En arrivant un peu en avance, je me suis placé à courte distance de la scène afin de pouvoir bien profiter des groupes de cette soirée là. Peu à peu, j'ai été rejoint, même encerclé par d'autres spectateurs. Jusque là, je n'y avais pas trop prêté attention jusqu'à ce que des odeurs réveillent mes narines. Tout d'abord des odeurs de transpiration un peu plus viriles que d'habitude, puis des odeurs de cuirs et pour finir une odeur d'huile minérale... Un petit tour d'horizon et oui j'étais entouré de blousons noirs, mais rassurez-vous pas méchant du tout, des passionnés, surtout des fans de Ten Years After de la première heure.
Même si cette ambiance de bikers était principalement venue voir Hundred Seventy Split, personne n'a été déçu de la prestation du premier set. Au contraire, nombreux sont ceux qui sont restés scotchés devant la pèche dégagée par les Devil Jo & The Backdoormen. En effet, une équipe de choc compose ce groupe pas piqué des hannetons. Composé d'un discret mais efficace duo basse batterie, d'une chanteuse qui a du coffre, et de deux guitariste de haut niveau. Le tout distille une sorte de vintage-blues-rock-rockabilly, râpeux et rythmé qui envoie du bois ! Leurs riffs sont excellents, c'est vraiment une réussite, en bref un groupe qui a vraiment trouvé son style et qui lui va comme un gant !
Une mention spéciale à Laurent, l'homme de la soirée, guitariste mais aussi chanteur de ce groupe et surtout une bête de scène. Déjà cet homme a la classe façon 50/60ties, banane gominée, pattes quasi "wolveriennes", chemise noire et cravate blanche, jean bootcut, allstar aux pieds et pour finir son look mauvais garçon, bandages autour de la main droite (non volontaires ceux-ci). Ensuite il faut le dire, c'est un véritable showman, entrant en transe musicale dès les premières notes, son méchant jeu de scène tire le groupe vers le haut. Il achèvera le final de leur dernier morceau avec une Fender à 5 cordes ayant préalablement arraché sa corde grave avec les doigts restants de sa main droite, bandée je vous rappelle, dans un élan scénique effréné. Chapeau bas.
Hundred Seventy Split est un trio qui repose sur deux personnages frontaux, Joe Gooch chanteur/guitariste issu de la récente reformation de Ten Years After mais surtout Leo Lyons bassiste issu de la formation initiale des TYA, groupe fondé dans les années 60, connu mondialement grâce à sa participation au festival de Woodstock. Ce dernier est un sacré personnage qui a consacré sa vie à la musique soit en tant que musicien soit en tant que producteur. Leo est un grand homme aux moustaches et cheveux blancs accompagné de sa fidèle et usée Jazz Bass des années 60. Il faut le croire pour le voir, mais son jeu de basse est vraiment impressionnant, il joue vraiment... comme il respire. Il rythme et insuffle beaucoup d'énergie au trio par sa seule présence.
Contrairement au sautillant Leo et son jeu de scène saccadé, je dirais presque "parkinsonnien", Joe Gooch lui est rivé à sa Strat et son micro. Normal puisque Joe est un shredder, (rien à voir avec les tortues ninja, c'est simplement le nom qu'on donne aux virtuoses techniques de la guitare), donc il ne peut pas se permettre de sautiller. Du coup, le spectateur ne sait pas où donner de la tête, entre un bassiste avec des piles Duracell et un guitariste qui vous en met plein la vue, limite à écœurer les guitaristes du public, il ne faut pas avoir peur des solos !
Leurs nouvelles chansons varient entre blues et rock, parfois énergiques, parfois tranquilles mais ce qui est sûr c'est que la guitare crie et pleure entre les doigts de son talentueux tortionnaire à chaque morceau et que la basse bat la mesure tel un métronome survolté. Le résultat donne une impression que le trio vient tout droit des années 80/90 de part leur son et leur style. Justement leur style ne laisse pas trop place à l'originalité, donc à écouter de préférence au volant sur long trajet ou alors dans un fauteuil bien confortable mais difficilement debout face au live, car plutôt contemplatif que dansant.
Les HSS finiront par revisiter tous les grands classiques du blues et du rock. Ils terminent par une reprise jouissive et assez fidèle de "La Grange" de ZZTOP pour enfoncer le clou et clore cette soirée sous les signes du blues et du rock, Yeah ! |