Comédie dramatique de Paul Claudel, mise en scène de Xavier Lemaire, avec Isabelle Andréani, Grégori Baquet, Gaëlle Billaut-Danno et Xavier Lemaire.
En Caroline du Sud, après la guerre de Sécession, un jeune couple, Marthe et Louis Laine, récemment débarqués d’Europe, ont été embauchés pour garder la propriété d'un riche propriétaire, Thomas Pollock Nageoire, homme d'affaire mal marié à une actrice, Lechy Elbernon.
Louis Laine est un rêveur, Marthe est une femme issue de la terre, Thomas Pollock, un marchand attaché à la valeur des choses, et Lechy interprète chaque moment de sa vie. Entre les quatre personnages, se jouera un échange amoureux après que Thomas Pollock propose à Louis Laine d'abandonner Marthe pour Lechy contre une poignée de dollars.
Les quatre personnages de "L'échange" de Paul Claudel représentent différentes manières d'aborder le sentiment amoureux, l'engagement, la liberté, la domination, le plaisir. Les personnages sont complexes, comme les sentiments, chacun dans cette ronde exposant sa face lumineuse mais découvrant une part d'ombre.
Xavier Lemaire a choisi de construire sa mise en scène autour de la cabane où vit le couple de gardiens, prolongée par un ponton. Ce bout du monde isole les quatre personnages du reste du monde, autour d'eux, il n'y a que la nature ou les ténèbres.
Les costumes de Virginie Houdinière renvoient à un théâtre ancien, par exemple son costume de papillon de nuit n'est pas sans rappeler l'actrice Clara Benhardt dans la bande dessinée "Les aventures d'Adèle Blanc Sec". Pourtant le mise en scène est dépouillée et le geste souvent retenu. Xavier Lemaire met l'accent sur le texte, sur les mots qui fusent, sur les phrases qui claquent. Le rythme du texte est soutenu, parfois jusqu'à l'ivresse.
Les acteurs sont excellents. Xavier Lemaire campe sobrement un Thomas Pollock persuadé que l'argent peut tout acheter, plus à l'aise dans l'échange commercial que dans l'échange par les mots. Isabelle Andréani est une Marthe toute en retenue, digne dans l'adversité. Gaëlle Billaut-Danno surjoue habilement son rôle d'actrice hystérique. Enfin Gregori Baquet, en demi-sauvage, amène le jeu physique qui permet d'accentuer les affrontements entre les personnages.
Malgré l'exigence du texte, c'est une longue ovation qui a salué la performance de ce quatuor d'acteurs qui montre la modernité de cette pièce de Paul Claudel sur l'amour. |