D'abord
la foule, compacte, qui attend devant la scène le retour
du frère, du pote, du gars de chez nous. Et puis une clameur
fait gronder le port de Brest, Miossec
apparaît sur scène, entre ombres et lumières.
Il a beau afficher le masque de l'indifférence, à
un fan qui lui hurle "Christophe, ce soir tu es chez toi !"
Miossec le regarde un poil ironique et lui répond que non,
il n'est pas du quartier, ce qui au fond est assez vrai même
si Miossec a vécu à quelques encablures d'ici du côté
de Recouvrance.
Ce soir les amis, la famille, tout le monde est là. Dans
mon viseur les images se succèdent, Christophe alterne de
la douleur à la béatitude, de la souffrance au bonheur.
Tantôt recroquevillé sur sa guitare, Christophe observe
le public comme encore incrédule de son succès, surtout
ici, chez lui à Brest, quand la foule reprend en choeur le
titre éponyme "la rade, le port,
ce qu'il en reste, le vent dans l'avenue Jean Jaurès..."
sont autant de mots qui prennent ici à Brest une signification
tout autre, des mots chargés d'histoire, de souffrances et
de larmes.
Voilà
après tout qui résume assez bien le personnage et
ce qu'il apporte à son public. De l'émotion, des rires
et des larmes, des mots ciselés, un boulot d'orfèvre.
Oui c'est bien ça. A l'instar d'un Gainsbarre dont il a parfois
le même rictus cynique, Mio se fout éperdument de savoir
comment son image sera perçue, seules comptent la fougue
et l'énergie délivrées sur la scène.
Comme Gainsbourg, Miossec est la douceur et la gentillesse incarnées,
un de ces personnages rares qu'on se flatte un jour d'avoir eu la
chance de rencontrer.
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