Prix du meilleur roman danois en 2010, prix du meilleur polar de la décennie, rien que ça pour Les plumes du dinosaure de Sissel-Jo Gazan. Cette dernière est écrivain, biologiste, journaliste culture au magazine Fémina… facile de savoir de quoi parle ce roman : un roman noir qui parle de recherche scientifique, de l’origine des oiseaux (des dinosaures comme les autres ? Ou pas ?), d’une mort suspecte et des secrets…
Les romans noirs commencent toujours par une histoire toute simplette qui se complexifie doucement au fil des pages, jusqu’à ce que vous ne puissiez plus raconter l’intrigue en moins de 60 pages. Je vais essayer de faire court, mais je ne vous donnerai pas le nom du meurtrier (avant-dernière page, troisième ligne, je ne m’en suis pas douté une seule seconde, et pourtant j’avais passé tous les personnages au crible, celui-là n’étais pas passé par ma case suspect…).
C’est donc l’histoire d’Anna Bella, une jeune maman célibataire (bébé accidentel avec un beau trouillard irresponsable), qui fait de son mieux pour élever la petite Lily, repousser doucement son envahissante maman, terminer son mémoire. C’est aussi l’histoire de Clive Freeman, un professeur canadien qui refuse d’admettre la théorie selon laquelle les oiseaux descendent des dinosaures, sa femme le quitte, ses amis s’éloignent, des squelettes réfutant sa théorie sont découverts, mais il s’obstine avec une mauvaise foi douloureuse à soutenir sa théorie.
C’est aussi l’histoire de Lars Helland (enfin, juste au début, parce que c’est lui le décédé de l’histoire), directeur de mémoire d’Anna Bella, retrouvé donc mort, avec la langue sur le torse (détachée la langue, pas la langue pendante d’un pendu… Quoi ? C’est un roman noir ! Ce n’est pas moi qui ai inventé ça. Et si vous avez déjà des nausées, ne lisez surtout pas la suite). Après autopsie, il s’avère que plusieurs milliers d’œufs de trucs ont été déposés dans son corps, ces petits œufs dégueu se sont développés, se sont logés dans les muscles, et ont atteint son système nerveux, dans des souffrances atroces. Ça a duré plusieurs mois. Le ver solitaire, c’est de la gnognote à côté. Beurk ! Je t’avais bien dit de pas lire la suite !
C’est aussi l’histoire de Soren Marhauge, surnommé le Flic Le Plus Chiant du Monde par Anna Bella (il va tomber amoureux d’elle, et il l’agace, on ne sait pas comment ça va finir entre eux, ça ne nous regarde pas !). Ce flic est donc chargé d’enquêter et de trouver qui donc a bien pu refiler des petits œufs dégueu à Lars Helland pour le tuer.
Le roman tourne autour de ces personnages et de leur entourage. Anna Bella va plonger dans son passé, se fâcher avec son meilleur ami, retrouver une vieille copine, s’expliquer avec sa mère, papoter avec son père, regagner la confiance de sa fille. Et Sissel-Jo Gazan est digne d’entrer au Panthéon (ou tout autre monument finlandais à la gloire des talents) des écrivains qui tiennent en haleine. J’ai perdu des heures de sommeil à chercher le nom de l’assassin, à recouper toutes les informations du roman pour trouver le coupable, tout le monde n’est tout de même pas capable de refiler des petits œufs aussi dégueu à un directeur de département.
La plume de Sissel-Jo est fluide, claire, tranchante, si vous plongez dedans, vous risquez de rater votre arrêt, oublier l’heure, trouver la file d’attente drôlement courte, poser un lapin, jeûner, veiller… jusqu’à la dernière goutte. Avis aux amateurs de thriller, de polar et de roman noir, ne ratez pas Les Plumes du Dinosaure. |