Univers imbibé ? Une magnifique bouteille de ce bon vieux Eristof orne le CD. Ah non, c’est un cocktail Molotov. Ce sont donc des bandits ! Nommés Les Voleurs de Swing, nés en 2005, à Tours. Une bande de tziganes avec un vieil orgue de barbarie, un archet enflammé, une guitare explosive et une contrebasse débridée. De ce genre de groupuscule musical qui ne jure que par les petites salles de concert embrumées, difficiles à trouver, dans des coins semi-pommés.
Hôtel Molotov est leur troisième album, plein de musique tzigane survoltée, entre la Russie et les Carpates, avec des envies de faire la fête toute la nuit, après avoir rangé les roulottes en cercle et avoir allumé un feu pour éloigner les loups de Sibérie. Ils sont trois : Clément, Gabriel et Youri, multi-instrumentalistes : violon, guitare, contrebasse, clarinette, piano, flûte, batterie et chant bien sûr. Faisant de leur musique un joyeux mélange de valse énergique et de swing communicatif.
Je soupçonne des titres en langue de n’importe quoi… "Gémala Zdrové", "koutcha raspoutché", du Syldave ? De la polka sous-jacente dans le "Dülcka Molotoï" ? On croirait le géant de Zéralda, celui qui mangeait les enfants, jusqu’à sa rencontre avec un cordon bleu, il mange bien équilibré, et invite ses amis ogres et géants pour de somptueuses fêtes dans son château bien planqué sur une lointaine montagne de Transylvanie.
Mon problème avec cette musique, c’est qu’elle ne fait rapidement passer de la survolte à l’agacement le plus total. La faute au manque de respiration, pas une seconde de répit dans les morceaux, chaque ralentissement annonce une accélération imminente, chaque accélération annonce une violonesque salve de frottements aigus, qui deviennent à la longue douloureux pour mes oreilles ignares.
De plus, mon compagnon à moustaches n’aime pas non plus, il a de soudaines envies de prendre l’air, et tout y passe : la plainte à la poignée de la porte espérant qu’elle s’ouvre par magie, le spleen à mes pieds espérant qu’ils bougent, les câlins au creux de mon coup espérant que je change de musique, et même les sauts sur la boite magique qui fait s’arrêter les musiques, avec les dommages collatéraux inhérents à ce type de manifestation : griffes, rayures, chutes, éparpillage…
Conclusion : avis aux amateurs, aux initiés, aux convertis : Les Voleurs de Swing font de la musique tzigane, dans tout ce qu’elle a de festif, d’entraînant et d’invitation à la gouaille. J’ajouterai également dans tout ce qu’elle a de crissement et de battement dans les tempes. |