Comédie de Pierre Notte, mise en scène de Antoine Humbert, avec Hélène Bélivier, Virginie Hallot:, Antoine Humbert, Jérôme Laborde, Maud Martinez, Laurent Narjot et Raphaëlle Spagnoli.
Des individus dans un train pour la Vénétie en passant par la Suisse : il y a là, entre autres, une voleuse schizophrène et emphatique (Raphaëlle Spagnoli, captivante), deux jeunes gens révoltés (Hélène Bélivier et Jérôme Laborde, justes), une veuve qui ne se remet pas de l’absence de son mari (Virginie Hallot, touchante). Et autour d’eux, un contrôleur pâle et émotif (fascinant Laurent Narjot) qui donne à ce voyage une allure de train fantôme.
Ces personnages transportent chacun de lourds secrets dans leurs sacs : bébé, photos, morceaux de tableaux ou cendres. La pièce analyse les relations de groupe, dissèque les petites manies, obsessions et réactions de chacun qui révèlent failles, fantasmes, peurs et blessures d’enfance.
Chacun d’abord rumine sa solitude et ressasse ses obsessions, n’écoute pas, avant de finalement s’entraider. Et au fil de ce voyage qui les relie, ils deviennent complices de leurs confidences, les erreurs avouées permettant de s’affranchir d’une vie pesante et, dans cette fuite en avant, de trouver la force d’un nouveau départ.
On retrouve dans "Par la fenêtre, ou pas !" les thèmes chers à l’auteur de "Les couteaux dans le dos" : l’enfance, la famille, la souffrance, la mort.
L’écriture trublionne de Pierre Notte joue avec les mots, la syntaxe et les répétitions. Le rythme propre à sa langue ciselée et musicale est restitué avec talent par la bande Simone et compagnie qui défend avec fougue et envie ce spectacle. Ils sont tous formidables.
On remarquera quand même l’énergie et la précision de jeu de Maud Martinez (la mère) et dans le rôle de la Vénitienne, personnage fantasque oscillant entre burlesque et drame, la composition mémorable d’Antoine Humbert.
La pièce, mise en scène avec habileté par ce dernier, célèbre finalement les vertus du voyage où dans le vent de la nuit, on se libère en passant ses démons par la fenêtre.
Il faut aller encourager cette jeune compagnie homogène et enthousiasmante qui nous entraine dans un bien singulier voyage. |