Comédie de Eleni Laiou et Patrick Hernandez, mise en scène de Corinne Puget, avec Alexandre Pesle, Eleni Laiou et Tadrina Hocking.
Patrick Hernandez doit être un auteur heureux puisque plusieurs de ses pièces sont régulièrement, et simultanément, à l'affiche, pas moins de quatre en ce moment, pièces étiquettées "café-théâtre" qui, en réalité, ressortissent davantage, pour la plupart, à la comédie sentimentale traitée sur le mode de la comédie de boulevard.
Car il aime explorer le registre des relations amoureuses tout en épinglant avec justesse et tendresse les travers de ses semblables et, sa carrière déjà bien remplie d'auteur et de scénariste, a affuté et rendu concise sa plume alerte et malicieuse pour tricoter des comédies bien ficelées dans lesquelles une juste peinture de caractères est portée par des dialogues drôles et légers qui font mouche.
La dernière en date, "Conversation avec ma libido", co-signée avec Eleni Laiou, est une épatante comédie qui joue sur la combinaison de deux arguments qui font florès au théâtre - l'attraction des contraires et le sexe qui parle - et conduisent à une double confrontation, l'essence de l'intrigue théâtrale. Par cela, elle offre une belle partition aux comédiens et un divertissement assuré aux spectateurs.
En l'espèce, un écrivain médiatisé qui a fait de l'abstinence une règle de vie suite à une déception amoureuse est subitement assailli non seulement par une jolie voisine, une blonde godiche à la sexualité extravertie mais également par sa libido qui, rongent son frein depuis treize longues années, se matérialise sous la forme d'une apparition qui ne mâche pas ses mots.
Inutile que préciser que la confrontation de l'intellectuel tatillon et un poil imbu de sa personne et de la coiffeuse, dont le quotient culturel est aussi court que sa jupe, fait des étincelles tout comme celle avec les conseils et revendications de ses bijoux de famille qui le ramènent aux prosaïques réalités de la vie.
Dans la mise en scène menée à un train d'enfer par Corinne Puget qui connaît les ficelles du boulevard et les utilise sans les transformer en cordage de trois mâts, ni céder à la grivoiserie facile, le trio fonctionne à merveille et joue parfaitement le jeu.
L'humour pince sans rire de Alexandre Pesle convient parfaitement au rôle du mâle coincé et introverti, rôle balisé pour celui qui fut le comptable souffre-douleur naïf à la sexualité prépubère dans la série télévisée "Caméra Café" à laquelle, au demeurant, collabora Patrick Hernandez.
Eleni Laiou est délicieuse en jolie blonde adepte de l'amour libre conduisant également à la fusion des âmes qui révèle un esprit d'à-propos aussi aiguisé que le talon de ses stilettos, et, entre les deux, Tadrina Hockingest ébouriffante en libido survitaminée coiffée d'un bonnet péruvien.
Pourquoi un bonnet péruvien ? Réponse à la Comédie de Paris. |