Retour sur la nuit du samedi.
Modibick et Oslow... ou les groupes bourguignons ont de l'avenir
Modibick : un groupe de trois larrons venus tout droit d'Auxerre, et qui monte, et qui doit monter ! Les textes sont aux petits oignons, délirants ou poétiques mais toujours peaufinés, délivrant des histoires de chatte dévorée, de pirate ou de fou, menées par un chanteur-clown à la voix élastique.
Pour vous donner une idée de leur style, autant citer leur propre présentation : "rock-dancefloor, dark-musette, grivoise comptine". Mais tout cela ensemble n'est pas tout et n'importe quoi pour autant : le set est bien pensé et la technique musicale aiguisée. À écouter, donc.
Dans un tout autre style, mais dans une même excellence, Oslow, groupe dijonnais déjà très réputé, prend la relève : distillant un mélange sonore et savant fait de Placebo, de Radiohead et de Muse – même si bien d'autres influences viennent se greffer peu à peu sur chaque titre –, les musiciens ont déjà assez de bouteille pour proposer un set très "pro" et mettre l'ambiance dans un théâtre de verdure qui ne semble pas avoir désempli depuis la veille. Les quatre loustics ont déjà fait la première partie de quelques groupes connus (Laurent Garnier, Olivia Ruiz) et l'on aimerait clairement que la pop propre mais pas aseptisée d'Oslow sorte à juste titre des frontières de Bourgogne. À engager, donc. No One Is Innocent ou le temps n'émousse pas l'engagement
Groupe formé dans les années 1990, No One Is Innocent n'a pas pris une ride. L'investissement des musiciens sur scène, leur engagement, physique comme politique, détonne. Secousse salutaire. Le chanteur (Kémar Gulbenkian) ne mâche pas ses mots, condamne le chef de l'Etat actuel, entonne une chanson sur celui qu'il nomme "l'imposteur de la République", demande que l'on vote sérieusement en 2012, se donne corps et âme à sa cause idéologique, slame, saute, crie, tire les cheveux de son guitariste survolté, taquine son bassiste, en bref déploie une présence incroyable sur scène. Et pendant un généreux bis, il fait monter ses fans : "Y a pas de raison que vous n'en profitiez pas non plus". J'aime et je salue la grandeur musicale des No One Is Innocent qui pour moi auront présenté, à tous points de vue, le meilleur set de ces Peplum...
Shaka Ponk
Tête d'affiche de cette deuxième nuit, les Shaka Ponk savent se faire attendre. Il n'empêche que les fans, souvent jeunes, sont venus en nombre. C'est un véritable son et lumière qui se met en place, de l'écran rond géant, installé au fond de la scène, sur lequel s'agite virtuellement la mascotte du groupe – petit singe qu'on dirait tout droit sorti de l'univers de Gorillaz –, à la chorégraphie survitaminée des deux chanteurs enflammés.
Un problème, néanmoins, se pose à moi : si j'ai été grandement convaincue par la session acoustique des Shaka Ponk proposée ici-même, le live m'a laissée sur ma faim. La surenchère de spectaculaire, d'ordinaire habile à dissimuler l'absence de talent musical, dessert ici des musiciens de qualité... Non ? |