Dans la liste des meilleurs sets de l'édition 2010 de Rock En Seine, j'aurais pu mettre la pétillante Wallis Bird, les barbus de Eels ou les énergiques King of Conspiracy, mais il fallait faire un choix. Si la météo n'avait pas gâché plusieurs concerts, ce top 3 aurait peut-être été différent ! Bien sûr, c'est purement subjectif, et un autre chroniqueur ferait probablement un autre classement, mais on s'en fout puisque c'est moi qui choisis ! Je me demande qui je vais mettre en en Top 3 l'année prochaine (enfin, il faudrait que Deftones et Foo Fighters fassent vraiment de la merde pour que je ne les mette pas d'office comme étant les meilleurs sets de l'édition 2011).
(roulement de tambour...)
Concert # 03 : Jello Biafra and the Guantanamo School of Medecine
Des bruits de saturations et de larsens se font de plus en plus fort avant l'arrivée du parrain du punk HXC. On le voit sur le côté de la scène en train de sauter en l'air, comme s'il s'échauffait ou s'il trépignait d'impatience. Quand il arrive enfin, il est habillé d'une blouse de docteur couverte de sang. Malgré son âge et le fait qu'il a pris un peu de poids en trente ans, Jello saute de partout et gigote en scandant les paroles de ses chansons. Comme à ces débuts, il a toujours ce regard et ces gesticulations de malade mental.
C'est un scandale qu'ils jouent sur la scène de l'industrie (la plus petite scène), alors que le sous-punk commercial de Blink 182 a eu droit à la grande ! Jello Biafra est toujours un activiste militant convaincu. Entre les chansons, il nous parle politique. Il fait notamment référence aux expulsions de Roms, très mises en avant dans les médias l'été dernier. Il nous lâche des petites punch-lines qui ravissent le public ("Sarkozy has created new enemies to save his ass… Fuck racism, fuck the FN and fuck Nicolas Sarkozy").
Il y a beaucoup de bruits de scratch de guitare à la Tom Morello qui ponctuent les différents titres. Mais quand le rythme de batterie et le riff de basse de "California Über Alles" ont retenti, la foule a réagi aussitôt et l'espace devant la scène s'est transformé en mosh-pit géant ! La chanson, qui était à la base une charge contre Jerry Brown, le gouverneur de Californie à l'époque, a été un peu changée et adaptée à Arnold Schwarzenegger et Barack Obama. C'est le plus gros pogo du festival, à part peut-être pendant le set des Queens of the Stone Age. Après "Holiday in Cambodia", un autre titre culte des Dead Kennedys, ils ont quitté la scène mais sont revenus pour un rappel (chose très rare en festival où tous les sets sont minutés et où tout est très carré).
(roulement de tambour...)
Concert # 02 : Skunk Anansie
A l'heure du début du concert, Skin déboule en sautant dans tous les sens, suivie de près par le reste de sa bande. Dès le moment où les membres du groupe prennent leurs instruments, ils envoient du gros son ! Le duo basse/batterie est excellent. Le son de la basse est rond, et couplé avec le martèlement des fûts, ça nous englobent et nous hypnotisent. Mais on se fait réveiller en étant brutalisé par la guitare et les hurlements de Skin qui continue de sauter partout.
Skin sait se faire plus douce et sensuelle sur certains titres mais peut redevenir une tigresse arrogante la seconde d'après en toisant la foule comme si elle s'apprêtait à sauter dans le public pour manger un spectateur. Elle a un charisme hallucinant, elle peut avec la même aisance invectiver le public en hurlant à pleins poumons, ou interpréter des chansons façon diva. Le groupe a de l'expérience, cela se voit et s'entend. Le show est carré, ils n'ont rien perdu en 8 ans de pause et de projets solo. L'énergie des débuts est toujours là.
Skin est une des meilleures performers rock tous sexes confondus (elle est meilleure que bien des mecs). Avant de finir leur set, elle part chanter, non pas dans la foule, mais sur la foule… à la manière d'un Iggy Pop, 30 ans avant elle. Le fait qu'ils ne jouent qu'une petite heure est vraiment frustrant, ils ont la carrure d'une tête d'affiche.
(roulement de tambour...)
Concert # 01 : Cypress Hill
Quand ils ont déboulé sur scène, ils arboraient des gilets en cuir de gang de bikers avec têtes de mort et nom du groupe brodé dessus, un peu à la manière de SAMCRO dans la série Sons Of Anarchy. B-Real et Sen Dog les deux MC sont survoltés, Eric Bobo aux percus et DJ Muggs aux platines ne sont pas en reste. Dommage pour nous, il n'y a pas de guitariste avec eux cette fois-ci, les gros riffs seront donc balancés par des samples, mais cela ne les empêche pas de se mettre le public dans la poche en quelques secondes et tout le monde saute en l'air en levant les bras.
DJ Muggs balance des scratch dans tous les sens pendant que B-Real enchaîne les titres avec son flow si particulier. Le public reprend en cœur le refrain de "How I Could Just Kill a Man", comme il l'avait fait au même endroit deux ans avant pour la reprise du même titre par Rage Against The Machine. Ils sont très bons et ont des leçons de Rock'n'Roll attitude à donner à certains groupes de la programmation. "Insane in The Brain" s'enchaîne avec "I Wanna Get High" et B-Real s'allume un gros spliff. Les basses sont super fortes et font tout vibrer sur une centaine de mètres à la ronde (comme l'avait aussi fait Radiohead dans un autre genre, des années avant...).
Là où on se rend compte de la puissance de Cypress Hill, c'est que si devant la scène, tout le monde saute en l'air, compressés les uns contre les autres tout en hurlant les paroles des chansons, il suffit de reculer jusqu'à loin derrière la cabine de l'ingénieur du son pour voir qu'un autre type de public est là et danse tranquillement sur le beat et le flow des rappeurs latinos (là où habituellement, les spectateurs assistent passivement au concert). Un des concerts les plus rock du festival a été donné par des rappeurs ! |