Spectacle écrit et interprété par Laura Ley dans une mise en scène de Jean-Charles Mouveaux-Mayeur.
Avec "Raymonde, l'Odonienne - Vie super-héroïque", l'auteure-interprète Laura Ley propose de feuilleter son album de photos de famille en s'arrêtant sur le portrait de sa grand-mère paternelle.
Raymonde, c'est un petit bout de bonne femme simple et courageuse, d'origine modeste, qui a traversé presque un siècle de l'Histoire de France tout comme cette dernière a traversé sa vie.
Car Raymonde est née au début du 20ème siècle à Saint-Ouen, dans le vieux Saint-Ouen et elle y tient, quand les villes de la petite couronne parisienne étaient des villages et pas encore des cités du 9-3, qu'elle a quitté pour Paris, à peine sortie de l'enfance au bras d'un mari imposé par ses parents.
La résignation, la dépendance, le quotidien ouvrier, les maternités subies, la guerre, ont rythmé sa vie sans lui laisser le temps de penser à elle à une époque où l'épanouissement personnel n'était pas à l'ordre du jour, surtout chez "ces gens-là". Et puis après la mort de son mari, un bel amour d'arrière saison qui a duré près de vingt ans.
Laura Ley a écrit une partition délicate, qui ressortit au théâtre de l'émotion et des émotions, avec la plume de ses souvenirs et l'encre de son affection, scandée par des chansons et ritournelles populaires, de "Bella ciao" aux "Roses blanches", qui sont indéfectiblement liées à certains événements universels qui trouvent également un écho particulier dans la vie de Raymonde.
Même si elle n'a mené aucun combat politique ni été d'aucune lutte communautaire, Raymonde, si discrète, si humble, si drôle aussi avec son inattendu sens de l'humour qui constitue sa force pour faire face tant aux petits plaisirs qu'aux chagrins, appartient au monde des héros anonymes du quotidien qui ont accompli, à leur mesure, leur devoir sans rechigner.
Sous la direction émérite de Jean-Charles Mouveaux-Mayeur qui a prouvé sa maîtrise du théâtre de l'intime en montant les textes de Jean-Luc Lagarce et qui écarte l'écueil du pittoresque pour illustrer le "vieux paris" et se focaliser, avec une sobriété qui sonne juste, sur l'humain, Laura Ley, lumineuse, qui chante fort bien et de surcroît a cappella, invoque la figure aimée avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité.
Officiant sans sentimentalisme larmoyant, elle évoque également une vraie et belle figure de femme.