Karpatt,
rien à voir avec la musique goth ou le berceau de Dracula.
Karpatt, est un groupe français, Frédérique
Rollat dit Fred (guitare gipsy/voix), Gaëtan
Lerat dit Gets (guitare) et Hervé
Jegousso dit RV (contrebasse), chantre de la chanson acoustique
franco roots mixée gipsy, jazz, swing, reggae et latino,
qui s’inscrit dans la grande déferlante de la musique
festive métissée qui de Manu Chao à Sergent
Garcia, en passant par Les Hurlements d’Léo, N&SK,
Les Têtes Raides et…beaucoup d’autres qui remplit
les salles.
Difficile alors de faire sa niche et pourtant.
Après le Reggae - Ragga - Rigolo de Karibouldinga
en 1999, les chansons Franco Roots de Roots
therapy en 2000 et les chansons Françaises aux rythmes
de la terre de A l’ombre du ficus
en 2002, en 2004 Karpatt repartent sur la route avec un caillou
tout neuf.
Leur dernier album Dans le caillou,
"pour le faire écouter à tous ceux qui nous avaient
souri des fois et prêté leurs lits d’autres fois",
est un p’tit caillou polissé qui nous racontent des
histoires, celles des autres qui sont un peu aussi les nôtres,
et fait la part belle aux textes légers, nostalgiques ou
graves qui swinguent sur des musiques au son résolument français
dans lesquelles les composantes jazz manouche et swing sont judicieusement
intégrées sans forcer la note.
Pour la petite histoire, ils ont posé la base acoustique
de ce petit caillou dans une grotte troglodyte et y ont gravé
"19 chansons qui parlent d’enfance, de filles, de galères,
de fraternité et de musique". On peut même rajouter
qu’elles parlent aussi d’amour et de p’tits verres.
Et c’est un joli petit caillou.
D’abord, parce qu’il est soigneusement présenté
dans une boite carton en tryptique avec de belles illustrations
de Sébastien Thomazo au graphisme
torturé (mais il est passé où le petit karibou
?).
Ensuite, parce que Karpatt c’est des textes, des vrais, en
langue française comme savaient les faire les grands de la
chanson française de Brassens
à Vian. Et il ne faut pas oublier
les copains qui ont chacun apporté leur petit caillou à
l'édifice, qui sa voix, qui sa flûte, qui son accordéon
; ils sont tous là, ils sont tous venus.
Et qu’y a-t-il dans le caillou ? Plein de petits cailloux
!
Les petits cailloux de l’enfance qui ricochent sur l’étang
de nos mémoires avec "Le magicien"
("Y’a pas de magie dans ton chapeau/Arrête ton
cinéma sinon je dis tout à mon papa"), les petits
jeux érotiques d'enfant de "Soulève
ta jupe" avec un final flamenco et les amours adolescentes
("Des gnons pour des pelles"
scansion de Brassens renforcée par le duo guitare/voix)
Les petits cailloux polis dans la rivière de la vie avec
les histoires celles du timide "Léon"
(avec la voix de Mano Solo ) dont la
mort de sa femme ne lui a laissé que le zinc pour accoudoir,
du secret d’"Achille"
le catcheur aux mille conquêtes qui ne voulait pas qu’on
lise le nom inscrit dans la guirlande tatouée sur son torse,
du déménagement du copain d’enfance "(l’ancienneté
dans l’amitié c’est des galons parfois cruels",
"les anciens combattants du bac à sable"), de la
voisine qui promène son chien ("Elle sème des
petits cailloux tout le long du chemin/Facile de la trouver ya qu’à
suivre la merde du chien").
Les p’tits cailloux d’amour telle celui du célibataire
aux pâtes au gruyère pour la caissière de supérette
("Tapis roulant") ou pour
"La chose qui dort dans mon lit"
et qui n’est pas une femme de magazine.
Et puis, il y a des p’tits cailloux qui sont autant de pavés
dans la marre comme "Jeux Olympiques",
le texte d’Henri Tachan, sur duo
piano et guitare manouche ("Ça serait chouette les jeux
olympiques si nom de Dieu il n’y avait /Leurs ptits drapeaux,
leurs ptits fanions, couleur kaki caca d’oie des frontières/Leurs
ptits drapeaux, leurs ptits fanions qui claquent au vent d’une
musique militaire"), "Tango"
le p’tit tango pour les p’tites armes guerrières
et les p’tits soldats ("Je lève mon verre bien
haut aux amoureux de la vie/Je lève mon doigt bien haut aux
amoureux de la guerre/Je lève mon doigt, je lève mon
verre, donc je suis en vie") et "Lalala"
jazz petit clin d’œil sur la chanson à la mode
"(Juste un p’tit refrain qui swingue et puis on en parle
plus/Si ça vole pas haut ça sera plus facile d’atterrir
à fun radio").
Et des chansons de troquets populaires qu’ils s’agissent
des bistrots urbains "La mouche"
: "Dans quel plat la prochaine (mouche) va tomber/Moi si j’étais
une mouche j’irais droit dans le décolleté de
la serveuse/Car je suis une mouche/J’aime le jazz manouche")
ou des bars à marins ("En pleine
mer" : "Ce soir on sort en pleine mer/Ce soir on
chante sous la lune/Ce soir je vais gueuler mes vers/Avec mes copains
de fortune") et "Vas y la mère"
de l’accordéon de bastringue à l’accordéon
de marin avec un joli parallèle entre la bouteille de la
mère patronne et la bouteille à la mer avec un papier
dedans qui commence comme une ritournelle de comptoir pour finir
dans une ballade de marin.
Et puis, laissez donc tourner la platine…. Il y a peut être
autre chose dans le caillou…
Les patients découvriront un bref morceau ("Je regarde
par la fenêtre au cas ou tu aurais la même idée/Mais
ça n’arrive jamais /Dans la rue du jardin des Hespérides/Dans
la rue désespérément vide") et puis un
superbe et ultime morceau instrumental.
A découvrir absolument
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