Jamais la musique des Little Dragon n'aura autant évoqué la bande originale d'un film de sexe futuriste. Ni véritablement soft ni hard totalement – disons mediumcore, porno explicite mais chic & classe, pour quadragénaire un peu ennuyé mais sans problème d'argent. Comme si, pour son troisième album, le quartet suédois avait décidé de sonner comme les Lesbians on ecstasy revenu aux opiacées le temps d'une soirée lounge.
Précisons immédiatement que l'on pourra s'intéresser à ce Ritual Union même (et surtout ?) si l'on a beaucoup de mépris d'ordinaire pour la "dance music", que l'on imagine mieux à sa place à la fête foraine que sur la platine de son salon. Déjà sorti fin juillet dans le reste du monde, l'album a en effet rencontré un accueil critique plutôt positif au-delà du seul cercle des dancefloors avides de hype musicale.
On y retrouve, à l'hyperbole, ce qui avait déjà fait tout le son du groupe : une certaine fascination pour des rythmiques électroniques simples et efficaces, une réelle inventivité (qui, dans cet univers synthétiques, tient lieu de sens de la composition) – et la voix, surtout, de Yukimi Nagano, éthérée, sensuelle, froidement entêtante, en perpétuel état d'overdose de synthétiseurs.
S'il n'a pas encore atteint les sommets de popularité de son prédécesseur (le très consensuel Machine Dreams, sorti en 2009), Ritual Union devrait en tout cas confirmer haut la main la réputation d'équipier indispensable dont jouit la formation dans les milieux de la musique sur laquelle on danse, déjà recrutée par Damon Albarn (Gorillaz), David Sitek (TV on the radio, Maximum Balloon) ou Raphael Saadiq. |