Spectacle musical conçu et dirigé par Philippe Meyer et interprété par Françoise Gillard, Cécile Brune, Osvaldo Calo, Sylvia Bergé, Serge Bagdassarian, Anne Causse, Frédéric Dessus, Jean-Claude Laudat, Pascal Sangla, Benjamin Jungers, Stéphane Varupenne et Félicien Juttner. Continuant son exploration de la chanson française, le Studio-Théâtre propose cet automne un hommage au "mal-pensant", au censuré, au blâmé, au relegué aux heures tardives...
De Hugo à Béranger, de Prévert à Darnal, en passant par Ferré, Francis Blanche et Pierre Dac, dirigé par Philippe Meyer, ce "caf-conc" de "Chansons déconseillées" qui défonce, adroit, pas très à droite, anar, dévastateur, jouissif, méchant avec tendresse, ravira tous les amateurs du genre : généraux à vendre, haineux galonnés, pousse-mégots à cigare embagués, tout le décoré est dégraffé, le convenable décoiffé, le patriote décoloré et les alignés du mur des fédérés chantent, poitrail ouvert, devant la gueule des fusils.
Le public piaffe de bonheur, emporté par la musique dirigé par Pascal Sangla, avec Osvaldo Calo, Frédéric Dessus, Jean-Claude Landat et le violoncelle inspiré d'Anne Causse.
Quant aux chanteurs... Cécile Brune, mélange d'Yvette Guilbert et de Patachou, gouaille et sensibilité, non contente d'être la fabuleuse comédienne que l'on sait, interprète aussi bien la rengaine réaliste et misérabiliste que la charge anti-guerre (qui résisterait à ses "Cimetières militaires" ?) Serge Bagdassarian, homérique et drôle, continue de surprendre et d'amuser.
Mention spéciale à Guillaume Mika, élève-comédien qui ira loin, sensible, Modigliani flanqué d'une houpette à la Daumier qui enchante avec ses rigodons et son Gavroche. Stéphane Varupenne, belle tête nordique, réveille les consciences qui ont en bien besoin avec une conviction ébranlante.
N'oublions pas Benjamin Junkers, touchant, et Sylvia Bergé, élégante, émouvante, à la si belle voix. Félicien Juttner et Françoise Gillard résistent davantage au chant et réservent leur talent au théâtre.
Un très beau moment de communion et de provocante santé, délicieusement fruité de rouge, sans le moindre repentir consensuel. |