Comédie de Robert Poudérou, mise en scène de Vincent messager, avec
Muriel Santini-Solatges (ou Christelle Furet), Vincent Messager (ou Xavier Devichi), Mélissa Gobin-Gallon (ou Hélène Ridel des Vallieres, et Jaoven Ricoeur (ou Romain Arnaud-Kneisky).
Pièce de charme, alliant légéreté et profondeur, "Le plaisir de l'amour", après une grande tournée, est monté à Paris, au Théâtre Laurette.
La Faldin, comédienne des boulevards, coquette, demi-mondaine, femme de coeur et de folies, courtisée par un médecin rustaud et les deux pieds dans la glaise et un jeune homme indécis et touchant, se laisse aimer, prodigue des cours, se tait pour ne pas blesser, parle pour instruire de la vie, donne sans toujours recevoir.
Sur ce thème, Robert Poudérou, avec sa verve propre et son sens du mot juste, rend hommage à Marivaux, mais aussi à Becque ou à Bernstein, avec cette délicatesse française que seule une langue honorée peut animer et faire jaillir. C'est grave d'aimer et de faire l'amour: c'est renoncer courageusement à la mort qui triomphera pourtant. La Faldin est une maîtresse du feu, une prêtresse désinvolte qui fait tourner le monde depuis son boudoir rose.
Vincent Messager, metteur en scène et tenant du rôle du médecin, a enveloppé l'univers de Poudérou de ses lumières et de ses gestes. La sensualité parfume le texte de ses fragrances. Le plaisir est si réel que l'on écoute les mots avec volupté et faim.
Muriel Santini-Solatgès incarne cette divette divine avec le charme et l'efficacité d'une vraie et grande comédienne. Tout est juste, subtil, dosé, retenu et livré sans effet. Bravo. A côté d'elle, Jaoven Ricoeur joue bien son rôle de freluquet farouche et grelottant. Mélissa Gobin, est exquise de fraîcheur et de jeunesse étourdie, une Agnès devenue servante.
Moment de grâce et de frivolité, le spectacle ouvre aussi à d'autres cieux et d'autres espérances. La chair est bonheur. La femme, initiation. Et le miracle de cette vie renouvelée, c'est aussi le plaisir de l'amour. |