Arriver après la bataille, quoi de plus cruel pour un groupe ? Hélas pas grand chose, surtout lorsque celui-ci est aussi talentueux que Seapony.
Remontant un peu dans le temps, soit en juillet dernier, lorsque Best Coast réalisa un vrai coup de génie avec la sortie de Crazy for you, son premier album, véritable sucrerie pop/surf aux accents mélancoliques et noyés dans une vague de reverberation, lui permettant (malgré elle ?) de faire un véritable coup d'état sur la musique indé US et de s'imposer comme nouvelle maitresse du soleil. Au même titre d'ailleurs que Brian Wilson période Surf In U.S.A (même si c'est dans une moindre mesure puisqu'on ne parle pas ici des bases de la musique pop, mais plutôt en terme d'influence générationnelle et de l'apport des sonorités chaudes). Depuis ce jour, on ne compte plus le nombre de groupes californiens du même accabit, mais n'arrivant jamais à la cheville de l'original.
Il aura donc fallu attendre un an et chercher du côté de Seattle (ville connu pour ses groupes de qualité et prolifique, rappelons tout de même à ceux du fond qu'il s'agit du berceau de la musique grunge, que Jimi Hendrix est né là-bas, à l'instar d'un certain Kurt Vile qui ne cesse de nous émerveiller) pour dénicher ce Go With Me de Seapony qui, en plus de transcender le genre, l'emmène à son paroxysme. Rien que ça.
Ce qui change d'abord, ce sont les couleurs, celle de la pochette. Habituellement chaudes, elle sont ici froides. C'est en cela que Seapony fait mouche, en s'imposant, de mon point de vue, comme le côté sombre de la musique surf. Alors bien sûr, ça n'est pas à se tirer une balle non plus, n'exagérons pas, mais l'on retrouve dans ce disque des ingrédients new wave (un morceau comme "Always" ne trompe pas) d'où émane une mélancolie bien plus franche et sincère que sur d'autres productions du genre.
En ces termes, le grand moment du disque ne peut être autre que le merveilleux "What you see" et ses arpèges incommensurablement beaux.
Le timbre de voix de Jen Weidl rappelle celui d'Emmanuelle Seigner sur le (trop) sous-estimé album avec Ultra Orange, oscillant toujours entre le juste et le faux, apportant une nostalgie sans pareil en renforcant les propos énoncés dans les lyrics, qui s'avèrent donc être chantés par l'âme et non la voix.
Ce disque est puissant, s'il ne vous touche pas, c'est que vous êtes mort à l'intérieur.
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