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puce Est-ce qu'une bonne BD peut vous faire oublier que vous ne voyagez jamais ?
Bernard Giraudeau et Christian Cailleaux - Delphine et Anaële Hermans - Nicolas Moog - Clément Belin & Serge Perrotin - Christian Binet  septembre 2011

Non, bien évidemment. Cependant, elle peut vous fournir un bref sentiment d’évasion et ce n’est déjà pas si mal. Cette année encore, peut-être n’avez-vous pas eu la chance de voyager en raison d’un porte-monnaie trop vide, d’une vieille tante malade à veiller, de votre énième contrat en CDD ou plus simplement de votre manque de bol notoire (les billets achetés à une agence en faillite, une arnaque sur internet…). Pour tenter de vous consoler (ou pas d’ailleurs), je vous propose un petit dossier sur la BD et le voyage.

Le voyage est en soi une belle promesse d’aventures, de découvertes de nouveaux visages et paysages, autant de sources d’inspiration insatiables qui contribuent à faire de bonnes histoires. Puis on ne revient jamais vraiment indemne d’un voyage et ce quelle que soit sa durée et les raisons pour lesquels nous l’avons initié. Le voyage nous pétrit, nous fait avancer, et seulement au retour que l’on prend conscience de notre changement.

R97, Les hommes à terre Bernard Giraudeau, Christian Cailleaux (Casterman, avril 2008)

Je commencerai cet article par le voyage le plus emblématique : le tour du monde. Celui que nous racontent Bernard Giraudeau et Christian Cailleaux dans R97, Les hommes à terre ne manque pas de charme. On y suit un jeune matelot brestois qui embarque pour sa première traversée on suppose dans les années 1950. On découvre ainsi  l’ambiance fortement testostéronée qui règne sur la Jeanne d’Arc (un célèbre  navire école de la Marine Nationale).

A bord, l’équipage vit au rythme des manœuvres, des caprices des mers et des océans, ils s’adonnent également aux rituels propres à la Marine. On assiste ainsi au gentil bizutage de notre jeune héros à l’occasion de son premier passage de la ligne (l’équateur), cérémonial bien connu de nos marins ! Une fois sur terre tous ces gaillards renouent avec la réalité qui n’est pas toujours des plus réjouissantes. Et les escales ont toujours une saveur particulière car elles ne sont que passage et les rencontres notamment avec ces femmes de toutes les couleurs, sont condamnées à ne jamais se répéter. Pour notre jeune héros, chacune d’entre elle s’apparente à un rite initiatique et leur succession le conduisent à laisser dans les ports visités les dernières bribes d’innocence de son enfance.

C’est avec finesse que Giraudeau raconte comment cette traversée a transformé ce jeune homme. On peut d’ailleurs supposer qu’il s’est inspiré de sa propre expérience sur la Jeanne d’Arc en tant que jeune marin. Le récit est également sublimé par un dessin énergique à la ligne noire très marquée contrastant avec des couleurs douces. Cailleaux nous offre de belles planches que l’on soit en pleine mer ou dans un port de l’autre bout du monde. La lecture de ces quelques pages est incontestablement une invitation au voyage et l’occasion de nous évader inspirée par de bien belles images.

Le voyage peut aussi avoir un but précis : témoigner de ce qui se passe ailleurs. Le voyageur sait ce qu’il va chercher mais rarement ce qu’il va trouver, c’est d’ailleurs tout l’intérêt de ces entreprises. C’est le cas des Amandes Vertes des sœurs Hermans et My American Diary de Nicolas Moog, de la Palestine aux Etats-Unis ces deux auteurs nous racontent en toute simplicité ce qu’ils ont vu.

Les Amandes Vertes Delphine et Anaële Hermans (Warum, janvier 2011)

Ainsi dans Les Amandes Vertes, Anaële Hermans nous raconte son récent séjour en Palestine où elle a travaillé pour une association humanitaire pendant quelques mois. Le récit est ponctué par les cartes postales qu’elle envoie à sa sœur restée en Belgique. Ce procédé narratif donne étonnamment  un goût de vacances à ce séjour qui n’a pourtant rien de comparable avec une formule all inclusive au Club Med d’Agadir.

Notre voyageuse n’est pas une militante politique mais une militante humaniste. Elle revendique en toute simplicité le droit d’apporter son soutien à des hommes, des femmes et des enfants  victimes d’une situation franchement pourrie. Le dessin presque enfantin et les couleurs douces (gris et amande) utilisées par la frangine (oui celle qui a profité des nuages bruxellois) confirment le choix de la spontanéité quasiment ingénue dans lequel cette aventure a été vécue. Pourtant, ces amandes vertes ont aussi un goût amer celui de la frustration, de l’impuissance face à une situation qui nous dépasse. Ici le retour apporte inévitablement sa part de désillusion.

My American Diary Nicolas Moog (Six pieds sous terre, novembre 2009)

L’auteur de My American Diary est quant à lui un pragmatique. Ce passionné de country et de folk américaine s’est aventuré au Texas pour rencontrer ses artistes préférés et ce en pleine campagne présidentielle, celle-là même qui mènera Obama à la victoire. L’auteur se rend donc dans le troufion de l’Amérique et accessoirement le QG de W. Bush pour ausculter au plus près le cortex de l’Amérique profonde.

De son périple Nicolas Moog nous ramène tout d’abord un magnifique ouvrage en noir et blanc dans un format à l’Italienne qui scie particulièrement à ses portraits d’artistes de la scène folk d’Austin. En période électorale, certains affichent leur militantisme, d’autres leur dégoût pour la politique ou juste l’envie de rester en retrait, certainement de la même manière que leurs concitoyens. Finalement, on retiendra de ce carnet de route ces portraits de personnalités authentiques aux paroles simples, honnêtes à 10 000 lieues de discours politiques bien rôdés. Et on y découvre également Austin, une ville ouverte et créative qui pulvérise nos clichés sur le penchant profondément réac de cet état.

Au nom du fils (Ciudad Perdida) Clément Belin & Serge Perrotin (Futoropolis, janvier 2011)

Enfin le voyage peut s’imposer à nous. C’est ce que raconte Au nom du fils (Ciudad Perdida) de Belin et Perrotin où un ouvrier d’un chantier naval de Saint-Nazaire se retrouve du jour au lendemain dans un avion en direction de la Colombie, après avoir appris l’enlèvement de son fils de 23 ans par un groupe armé local. Cet homme qui n’a jamais vraiment voyagé se retrouve ainsi parachuté dans un pays dont il ne connaît rien, sans parler un mot d’espagnol : l’aventure est totale. Il dispose d’une seule boussole : sa détermination à retrouver son fils.

Notre voyageur "malgré lui" tient au cours de son périple un carnet de bord où il note ses rencontres, mais aussi ses souvenirs avec son fils et l’évolution de ses sentiments à son égard. Le lecteur est ainsi éclairé et le récit gagne indéniablement en profondeur. Même si je ne suis pas fan du dessin, il sert parfaitement la trame narrative, le seul véritable regret…c’est que la série est en cours.

Tome 6 : Les Bidochon en voyage organisé Christian Binet (Fluide Glacial, mai 1984)

Enfin, le voyage peut être aussi une franche partie de rigolade - enfin surtout pour le lecteur. Alors pour vous détendre, je vous encourage vivement à découvrir le tome 6 des aventures des Bidochon de Binet : Les Bidochon en voyage organisé.

Notre couple mythique gagne à l’occasion d’un concours Patzani un voyage dans un pays non déterminé du bloc soviétique (et oui, c’est une autre époque). Avec un humour féroce, Binet nous fait un portrait décapant touriste français à l’étranger. Les clichés ainsi poussés jusqu’à la moelle constituent la formule idoine pour se gausser à ne plus avoir de rate.

Pour vous prouver la qualité de cette œuvre, je me reposerai sur l’analyse pertinente du voyage par les Bidochon pour conclure cet article : voyager, c’est bien surtout quand on revient !

 

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