Dernière révélation
en date de la scène belge avec leur premier album From
here to there, les 6 gaillards de Girls
in Hawaii se prêtent au jeu de la conférence
de presse, un peu intimidés par tout ce qui leur arrive depuis
quelques mois.
Après une courte présentation des musiciens, les
questions commencent :
Revenons
un peu sur votre album qui a été une grande surprise.
N'est-ce pas un peu soudain ? Au niveau de la scène belge,
on connaissait dEUS, ou Sharko et vous êtes arrivés
en sortant un album et en ayant des critiques incroyables, comment
avez vous vécu cela ?
GiH : C'est évident que pour nous c'est
super mais en même temps en Belgique l'évolution a
été plus lente, plus progressive. Ca fait trois ans
qu'on joue ensemble et en Belgique il y avait deja eu un cinq titres
avant l'album et c'est monté progressivement. Mais c'est
vrai qu'en France on ne s'attendait jamais à de telles critiques
sur l'album. C'est soudain et comme on n'habite pas en France, on
ne ressent pas tellement cela. C'est quand même des repères
qu'on a, les inrocks ou Magic, on a cela en tête depuis longtemps
mais ce n'est pas quelque chose qu'on vit au quotidien, c'est assez
abstrait.
Comment êtes-vous venus à jouer ensemble
? Vous étiez copains de fac, d'enfance ?
Gih : Le groupe est né de plusieurs groupes
et d'amis communs. On s'est rassemblé autour d'un projet
qui existait et qui a demarré entre Lio, qui rigole, et moi.
Au départ c'était la passion de créer un album
dans un grenier à deux dans un petit studio. Et puis on a
eu des demandes de concerts et il a fallu instrumenter tout cela
et on a eu besoin de musiciens, et comme il y avait beaucoup de
choses à faire, on est restés à 6.
Au niveau de vos influences, on cite les Beatles,
Pavement. Tu m'expliquais que pour toi Pavement ca te parlait mais
que les Beatles c'était un peu plus abstrait. Peux tu m'en
dire plus ?
GiH : Je disais qu'on a deja eu plusieurs comparaisons
avec les Beatles mais on n'a pas forcément écouté,
on ne connait pas forcément très bien. On a plutôt
commencé avec Nirvana, Pavement, Cat Power, tout ce qui est
Palace. Calexico aussi.
Une culture beaucoup plus américaine au
niveau de la pop ?
GiH : Oui mais on ecoute aussi un peu de tout.
On adore Radiohead. Blonde Redhead aussi.
Tu parles de garçons mais je voudrais savoir
où sont les filles ?
GiH : A Hawaii ! (rires)
Petite séquence histoire, pourquoi "Girls
in Hawaii" ? Tu n'es pas obligé, je sais que c'est toujours
chiant de se justifier sur son nom.
GiH : Il y a une touche d'humour. Et à la
base c'était le nom d'un morceau qui est devenu le nom du
groupe. Mais je pense que c'est un nom qu'on aime bien et qui nous
fait toujours rire et qui apparement est intéressant dans
le sens où il étonne les gens. C'est assez gai de
l'utiliser par rapport à l'image du groupe. Les gens ne s'attendent
pas à voir 6 abrutis sur scène avec un nom comme çà.
La Route du Rock, c'est un festival que vous connaissiez
déjà ?
Gih : Moi je ne connaissais pas personnellement
mais c'est un festival dont on nous dit le plus grand bien depuis
qu'on a appris qu'on allait y jouer. L'ambiance est intime et la
programmation est assez indépendante. C'est un des festivals
où on avait le plus envie de jouer. C'est ce qu'on dit à
chaque festival ! (rires) Non c'est vrai.
Par rapport à Werchter ou Dour c'est autre
chose non ?
GiH : Dour c'est encore autre chose. C'est un de
nos premiers concerts sur une grosse scène et c'est un festival
wallon, un peu la maison. En plus c'est un peu foireux, on aime
bien l'ambiance. C'est vrai que Werchter c'est un festival très
impressionant au niveau du son, de l'affiche mais il n'a pas d'ame.
C'est pas super agréable d'y jouer à part que pendant
le moment du concert on a des conditions techniques très
bonnes et il y a du public mais les ambiances backstages ne sont
pas incroyables. Les Eurockeennes c'était super sympa, les
Vieilles Charrues, l'accueil était hallucinant, c'était
très très gai. C'est assez grand mais on ne le ressent
pas du tout. C'est un enorme festival avec une ambiance de petit
festival.
Comment se passe la tournée ?
GiH : En fait la tournée des festivals est
bientôt finie. On devait terminer ce soir mais une date s'est
ajoutée (Pukkelpop le 21). Mais sinon ca va c'est très
agréable. Deux ou trois dates et une semaine de repos pour
profiter des lieux dans lesquels on passe. Ensuite on va se reposer
un peu et aller deux semaines en Allemagne puis encore un peu en
France. En Allemagne ca commence seulement, on est sur un petit
label avec deux mecs très gentils qui y bossent. Ca s'annonce
pas mal.
Un membre du groupe Exsonvaldes rejoint le chapiteau.
(A Brice) Je viens de te voir faire un signe au
membre d'Exsonvaldes qui vient d'arriver.
Vous connaissez ce groupe ?
GiH : Pas du tout (rires)
Sérieusement, vous avez quoi comme connexion
avec Exsonvaldes ?
GiH : On les connait parce qu'on a joué
dans un petit festival en Belgique il y a deux ou trois ans et ils
nous ont prété une guirlande pour mettre sur la batterie.
Ils vont faire des dates en première partie sur notre tournée
française et on est très contents. On se croise beaucoup
et on se voit dix minutes par ci par là. On est tombés
amoureux de leurs démos.
Quelque chose à dire, Exsonvaldes ?
Simon : Pareil pareil. (Simon rejoint le groupe)
Ben on s'est rencontrés il y a trois ans pour leur premier
concert à 6. Et on a completement halluciné. On a
essayé d'organiser des dates à Paris et ca n'interessait
pas grand monde. On a fait venir des gens au festival des Inapercus
et il a fallu attendre 6 mois de plus pour qu'ils soient reconnus.
Y'a-t-il une hiérachie dans le groupe ?
GiH : Au départ nous étions deux
et les autres se sont greffés et ont travaillé sur
nos idées. On avait des expériences de groupes quand
on avait 15 ou 16 ans qui nous avaient un peu frustré puisqu'on
était plutôt timides. Quand tu apportes des morceaux
et que tu es confronté à 5 personnes qui mettent leur
nez dedans, ce n'est pas l'idéal. On voulait avoir un petit
studio, mettre le temps qu'il fallait et construire nos chansons
tranquillement. C'est le grand truc qui nous a surpris : ca marchait.
On a créé des morceaux avec une réelle
production, une réelle orientation et on avait très
peur de se remettre dans un groupe. Et en effet il y a eu une certaine
intransigeance. Au début c'était clair que les chansons
existaient deja et il fallait juste apprendre à les jouer.
Le batteur devait être une boite à rythmes. Et quelques
mois après, on a pu faire des sessions live et tout le monde
s'est mis dans le moule.
Je ne connais pas tous les groupes belges mais
il n'y en a pas beaucoup qui sont francophones. Est-ce que vous
comprenez pourquoi ?
GiH : C'est un peu en train de changer. C'est vrai
que notre modèle en Belgique était dEUS. Je pense
qu'en Flandre il y a une grosse place laissée à la
culture alternative et contemporaine. Le rock est poussé
au même titre que le ballet contemporain ou la musique classique
et il y a vraiment des subventions et des aides pour ces groupes.
Ca a vraiment développé une scène et je pense
que la Wallonie s'en inspire un petit peu 20 ans plus tard. Mais
il nous reste un grand retard.
Tom Barman nous disait recemment que la Belgique
était une éponge. Le pays est jeune et on n'arrive
pas à définir un son belge. Vous le ressentez comme
tel ?
GiH : On le prend comme un avantage. La Belgique
se trouve vraiment à un carrefour des cultures. Ca ne se
ressent pas necessairement dans le son mais surtout dans l'esprit,
la démarche artistique. Et par exemple, en Belgique, personne
n'est etonné que les groupes chantent en anglais ou en français.
Il n'y a pas du tout le poids de la tradition comme en France.
Dans une interview vous aviez dit qu'après
la tournée, vous alliez embrayer sur un nouvel album. Est-ce
que cette réponse est toujours d'actualité ?
GiH : En fait c'est après la tournée.
Il y a les festivals et je pense qu'il y aura plein de dates en
septembre et octobre. On a besoin de nouveaux morceaux et on ne
peut pas toujours s'amuser avec les mêmes titres. Il y a une
perte de fraicheur inévitable et on a besoin de donner une
suite mais on a aussi envie de se reposer un peu.
Donc vous n'avez pas de stock ?
GiH : Non on n'a pas de stock.
Et est-ce que la tournée des festivals
c'est une reconnaissance officielle de votre groupe ?
GiH : Oui complétement. Mais il y avait
deja eu la tournée des clubs, les critiques de l'album et
les ventes. C'est des petits signes qui donnent confiance à
un groupe. On a beaucoup de chance parce qu'il y a des groupes qui
travaillent beaucoup plus que nous et qui ont moins de resultats.
On parlait de l'éponge. Quelles sont vos
influences les plus importantes ?
GiH : Très diverses, très variées,
du Radiohead, Pavement. C'est une question qui revient très
souvent mais c'est encore intéressant de parler de nos influences
parce que dans le cadre d'un premier groupe, de 14 à 25 ans
on a fait qu'ecouter des tonnes de musique qui nous ont influencé
et pour le premier album on ne voulait pas etre trop proche d'un
groupe. On était conscient que ce serait une alchimie de
plusieurs influences et un hommage à des groupes qu'on a
tellement écoutés. C'est un premier pas avant de trouver
son identité. Je pense que ca se travaille et que ca ne vient
pas en un seul album.
Par rapport au prochain album, vous allez toujours
imposer vos compos ou vous allez integrer les individualités
de Girls in Hawaii ?
GiH : De toute facon, on fera differement. Moi
dans mon coin, Lio dans son coin. Brice commence à ecrire,
Daniel voudrait s'essayer. Denis le batteur est beaucoup plus integré
dans la structure des morceaux. ca evolue et les autres auront beaucoup
plus leur place.
Est-ce que tu penses qu'en travaillant à
plusieurs, tu vas plus facilement trouver une identité sonore
bien affirmée ?
Je pense que ca va surement faire éclater
les possibilités et les directions mais il faudra être
conscient de ce qu'on fait, d'avoir un minimum de recul. On est
de toute facon un groupe qui met très longtemps à
aboutir les albums. On n'imagine pas faire un album en deux mois
ou trois mois. L'idée c'est d'attendre qu'il y ait de choses
intéressantes qui arrivent.
Comme vous avez pris un peu de galon, est-ce que
vous auriez des exigeances en matière de producteur ? Albini
par exemple ?
GiH : C'est une piste de réflexion. Albini,
pourquoi pas. C'est un peu un monument, la premiere idée
qui vient. Ce qui nous plairait c'est de trouver quelqu'un de moins
connu mais qui a vraiment un propos. Quelque chose de personnel.
C'est difficile à dire. Albini a fait un disque excellent
avec Dead Man Ray.
Il y a souvent des petits trucs dans vos concerts
: vous avez projeté la vidéo d'un ami à Bruxelles,
vous avez fait l'enregistrement d'une sequence d'une emission de
télé à Belfort, est-ce que c'est une volonté
de votre part de faire quelque chose de ludique ?
GiH : Non c'est par hasard qu'il se passe quelque
chose. Mais on a toujours aimé l'idée d'avoir un petit
film pendant le concert. Ceci dit aux Eurockeennes, on était
ultra heureux de faire partie de "C'est pas Sorcier".
On adore cette émission.
|