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Conférence de presse  (La Route du Rock)  août 2004

Dernière révélation en date de la scène belge avec leur premier album From here to there, les 6 gaillards de Girls in Hawaii se prêtent au jeu de la conférence de presse, un peu intimidés par tout ce qui leur arrive depuis quelques mois.

Après une courte présentation des musiciens, les questions commencent :

Revenons un peu sur votre album qui a été une grande surprise. N'est-ce pas un peu soudain ? Au niveau de la scène belge, on connaissait dEUS, ou Sharko et vous êtes arrivés en sortant un album et en ayant des critiques incroyables, comment avez vous vécu cela ?

GiH : C'est évident que pour nous c'est super mais en même temps en Belgique l'évolution a été plus lente, plus progressive. Ca fait trois ans qu'on joue ensemble et en Belgique il y avait deja eu un cinq titres avant l'album et c'est monté progressivement. Mais c'est vrai qu'en France on ne s'attendait jamais à de telles critiques sur l'album. C'est soudain et comme on n'habite pas en France, on ne ressent pas tellement cela. C'est quand même des repères qu'on a, les inrocks ou Magic, on a cela en tête depuis longtemps mais ce n'est pas quelque chose qu'on vit au quotidien, c'est assez abstrait.

Comment êtes-vous venus à jouer ensemble ? Vous étiez copains de fac, d'enfance ?

Gih : Le groupe est né de plusieurs groupes et d'amis communs. On s'est rassemblé autour d'un projet qui existait et qui a demarré entre Lio, qui rigole, et moi. Au départ c'était la passion de créer un album dans un grenier à deux dans un petit studio. Et puis on a eu des demandes de concerts et il a fallu instrumenter tout cela et on a eu besoin de musiciens, et comme il y avait beaucoup de choses à faire, on est restés à 6.

Au niveau de vos influences, on cite les Beatles, Pavement. Tu m'expliquais que pour toi Pavement ca te parlait mais que les Beatles c'était un peu plus abstrait. Peux tu m'en dire plus ?

GiH : Je disais qu'on a deja eu plusieurs comparaisons avec les Beatles mais on n'a pas forcément écouté, on ne connait pas forcément très bien. On a plutôt commencé avec Nirvana, Pavement, Cat Power, tout ce qui est Palace. Calexico aussi.

Une culture beaucoup plus américaine au niveau de la pop ?

GiH : Oui mais on ecoute aussi un peu de tout. On adore Radiohead. Blonde Redhead aussi.

Tu parles de garçons mais je voudrais savoir où sont les filles ?

GiH : A Hawaii ! (rires)

Petite séquence histoire, pourquoi "Girls in Hawaii" ? Tu n'es pas obligé, je sais que c'est toujours chiant de se justifier sur son nom.

GiH : Il y a une touche d'humour. Et à la base c'était le nom d'un morceau qui est devenu le nom du groupe. Mais je pense que c'est un nom qu'on aime bien et qui nous fait toujours rire et qui apparement est intéressant dans le sens où il étonne les gens. C'est assez gai de l'utiliser par rapport à l'image du groupe. Les gens ne s'attendent pas à voir 6 abrutis sur scène avec un nom comme çà.

La Route du Rock, c'est un festival que vous connaissiez déjà ?

Gih : Moi je ne connaissais pas personnellement mais c'est un festival dont on nous dit le plus grand bien depuis qu'on a appris qu'on allait y jouer. L'ambiance est intime et la programmation est assez indépendante. C'est un des festivals où on avait le plus envie de jouer. C'est ce qu'on dit à chaque festival ! (rires) Non c'est vrai.

Par rapport à Werchter ou Dour c'est autre chose non ?

GiH : Dour c'est encore autre chose. C'est un de nos premiers concerts sur une grosse scène et c'est un festival wallon, un peu la maison. En plus c'est un peu foireux, on aime bien l'ambiance. C'est vrai que Werchter c'est un festival très impressionant au niveau du son, de l'affiche mais il n'a pas d'ame. C'est pas super agréable d'y jouer à part que pendant le moment du concert on a des conditions techniques très bonnes et il y a du public mais les ambiances backstages ne sont pas incroyables. Les Eurockeennes c'était super sympa, les Vieilles Charrues, l'accueil était hallucinant, c'était très très gai. C'est assez grand mais on ne le ressent pas du tout. C'est un enorme festival avec une ambiance de petit festival.

Comment se passe la tournée ?

GiH : En fait la tournée des festivals est bientôt finie. On devait terminer ce soir mais une date s'est ajoutée (Pukkelpop le 21). Mais sinon ca va c'est très agréable. Deux ou trois dates et une semaine de repos pour profiter des lieux dans lesquels on passe. Ensuite on va se reposer un peu et aller deux semaines en Allemagne puis encore un peu en France. En Allemagne ca commence seulement, on est sur un petit label avec deux mecs très gentils qui y bossent. Ca s'annonce pas mal.

Un membre du groupe Exsonvaldes rejoint le chapiteau.

(A Brice) Je viens de te voir faire un signe au membre d'Exsonvaldes qui vient d'arriver. Vous connaissez ce groupe ?

GiH : Pas du tout (rires)

Sérieusement, vous avez quoi comme connexion avec Exsonvaldes ?

GiH : On les connait parce qu'on a joué dans un petit festival en Belgique il y a deux ou trois ans et ils nous ont prété une guirlande pour mettre sur la batterie. Ils vont faire des dates en première partie sur notre tournée française et on est très contents. On se croise beaucoup et on se voit dix minutes par ci par là. On est tombés amoureux de leurs démos.

Quelque chose à dire, Exsonvaldes ?

Simon : Pareil pareil. (Simon rejoint le groupe) Ben on s'est rencontrés il y a trois ans pour leur premier concert à 6. Et on a completement halluciné. On a essayé d'organiser des dates à Paris et ca n'interessait pas grand monde. On a fait venir des gens au festival des Inapercus et il a fallu attendre 6 mois de plus pour qu'ils soient reconnus.

Y'a-t-il une hiérachie dans le groupe ?

GiH : Au départ nous étions deux et les autres se sont greffés et ont travaillé sur nos idées. On avait des expériences de groupes quand on avait 15 ou 16 ans qui nous avaient un peu frustré puisqu'on était plutôt timides. Quand tu apportes des morceaux et que tu es confronté à 5 personnes qui mettent leur nez dedans, ce n'est pas l'idéal. On voulait avoir un petit studio, mettre le temps qu'il fallait et construire nos chansons tranquillement. C'est le grand truc qui nous a surpris : ca marchait.

On a créé des morceaux avec une réelle production, une réelle orientation et on avait très peur de se remettre dans un groupe. Et en effet il y a eu une certaine intransigeance. Au début c'était clair que les chansons existaient deja et il fallait juste apprendre à les jouer. Le batteur devait être une boite à rythmes. Et quelques mois après, on a pu faire des sessions live et tout le monde s'est mis dans le moule.

Je ne connais pas tous les groupes belges mais il n'y en a pas beaucoup qui sont francophones. Est-ce que vous comprenez pourquoi ?

GiH : C'est un peu en train de changer. C'est vrai que notre modèle en Belgique était dEUS. Je pense qu'en Flandre il y a une grosse place laissée à la culture alternative et contemporaine. Le rock est poussé au même titre que le ballet contemporain ou la musique classique et il y a vraiment des subventions et des aides pour ces groupes. Ca a vraiment développé une scène et je pense que la Wallonie s'en inspire un petit peu 20 ans plus tard. Mais il nous reste un grand retard.

Tom Barman nous disait recemment que la Belgique était une éponge. Le pays est jeune et on n'arrive pas à définir un son belge. Vous le ressentez comme tel ?

GiH : On le prend comme un avantage. La Belgique se trouve vraiment à un carrefour des cultures. Ca ne se ressent pas necessairement dans le son mais surtout dans l'esprit, la démarche artistique. Et par exemple, en Belgique, personne n'est etonné que les groupes chantent en anglais ou en français. Il n'y a pas du tout le poids de la tradition comme en France.

Dans une interview vous aviez dit qu'après la tournée, vous alliez embrayer sur un nouvel album. Est-ce que cette réponse est toujours d'actualité ?

GiH : En fait c'est après la tournée. Il y a les festivals et je pense qu'il y aura plein de dates en septembre et octobre. On a besoin de nouveaux morceaux et on ne peut pas toujours s'amuser avec les mêmes titres. Il y a une perte de fraicheur inévitable et on a besoin de donner une suite mais on a aussi envie de se reposer un peu.

Donc vous n'avez pas de stock ?

GiH : Non on n'a pas de stock.

Et est-ce que la tournée des festivals c'est une reconnaissance officielle de votre groupe ?

GiH : Oui complétement. Mais il y avait deja eu la tournée des clubs, les critiques de l'album et les ventes. C'est des petits signes qui donnent confiance à un groupe. On a beaucoup de chance parce qu'il y a des groupes qui travaillent beaucoup plus que nous et qui ont moins de resultats.

On parlait de l'éponge. Quelles sont vos influences les plus importantes ?

GiH : Très diverses, très variées, du Radiohead, Pavement. C'est une question qui revient très souvent mais c'est encore intéressant de parler de nos influences parce que dans le cadre d'un premier groupe, de 14 à 25 ans on a fait qu'ecouter des tonnes de musique qui nous ont influencé et pour le premier album on ne voulait pas etre trop proche d'un groupe. On était conscient que ce serait une alchimie de plusieurs influences et un hommage à des groupes qu'on a tellement écoutés. C'est un premier pas avant de trouver son identité. Je pense que ca se travaille et que ca ne vient pas en un seul album.

Par rapport au prochain album, vous allez toujours imposer vos compos ou vous allez integrer les individualités de Girls in Hawaii ?

GiH : De toute facon, on fera differement. Moi dans mon coin, Lio dans son coin. Brice commence à ecrire, Daniel voudrait s'essayer. Denis le batteur est beaucoup plus integré dans la structure des morceaux. ca evolue et les autres auront beaucoup plus leur place.

Est-ce que tu penses qu'en travaillant à plusieurs, tu vas plus facilement trouver une identité sonore bien affirmée ?

Je pense que ca va surement faire éclater les possibilités et les directions mais il faudra être conscient de ce qu'on fait, d'avoir un minimum de recul. On est de toute facon un groupe qui met très longtemps à aboutir les albums. On n'imagine pas faire un album en deux mois ou trois mois. L'idée c'est d'attendre qu'il y ait de choses intéressantes qui arrivent.

Comme vous avez pris un peu de galon, est-ce que vous auriez des exigeances en matière de producteur ? Albini par exemple ?

GiH : C'est une piste de réflexion. Albini, pourquoi pas. C'est un peu un monument, la premiere idée qui vient. Ce qui nous plairait c'est de trouver quelqu'un de moins connu mais qui a vraiment un propos. Quelque chose de personnel. C'est difficile à dire. Albini a fait un disque excellent avec Dead Man Ray.

Il y a souvent des petits trucs dans vos concerts : vous avez projeté la vidéo d'un ami à Bruxelles, vous avez fait l'enregistrement d'une sequence d'une emission de télé à Belfort, est-ce que c'est une volonté de votre part de faire quelque chose de ludique ?

GiH : Non c'est par hasard qu'il se passe quelque chose. Mais on a toujours aimé l'idée d'avoir un petit film pendant le concert. Ceci dit aux Eurockeennes, on était ultra heureux de faire partie de "C'est pas Sorcier". On adore cette émission.

 

 

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