Wladimir Anselme est un petit chanteur de la nouvelle scène française, de la nouvelle chanson française, héritier des poètes et des pourfendeurs de sentiments. Les heures courtes est son troisième album, réalisé en compagnie de ses amis des Atlas Crocodiles.
Il n’est rien de moins d’auteur, compositeur et interprète, mais il a également touché du crayon pour dessiner, touché des instruments pour vidéaster, truquer et feuilletonner… Pfiou ! Tout ça !
Son album transpire de mélancolie, de cœur brisé à "Déséparpiller", d’amour "roulé en boule dans une poche révolver", de deuil pudique et de lettres à la lune. Avec une voix grave qui dérape, un peu comme une fourchette crisse douloureusement à la poursuite d’une pièce de viande coriace.
Perso, je n’aime pas, mais d’autres y voient l’automne qui craque sous la semelle. Question de point de vue. Florian Caschera a écrit "La chanson des heures courtes est d’une pudeur à déglinguer de honte quiconque aura désormais l’audace de la ramener à propos de ce qu’est l’audace de porter ses deuils en cravate", j’oserai simplement ajouter : Wladimir Anselme a le flegme britannique dans l’encre.
Et franchement, ça fait du bien d’écouter un type chanter qu’il est plus sage de patienter jusqu’à la fin de la mélancolie, plutôt que de hurler à la lune. Après la pluie vient le beau temps. Son écriture est brève, simple et efficace, comme quoi, j’ai parfois tord de croire que c’est en long et en largeur que les idées convainquent. Wladimir Anselme fait mieux que donner une leçon d’humilité, sans en avoir l’air, il sait aussi mettre en musique un poème d’Apollinaire "La cueillette", genre d’ode à la séduction à la mode Ronsard (fait pas ta belle, un jour tu sera vieille est moche, profite tu temps présent… viens dans mon lit !)
Son univers est sacrément bien retranscrit sur le visuel de l’album. Un homme accroupi, qui était là pour ramasser du petit bois, mais qui s’est trouvé distrait dans sa besogne par un bruit venu d’on ne sait où : c’était une biche qui grignotait les feuilles tendres d’un feuillu non loin de là. Tout ça à la tombé du jour, entre chien et loup. On trouve donc le mystère, le calme et le romantisme mélancolique des sous-bois. |