Miossec n’est pas un tendre naïf, tout le monde le sait, il est parfois dur et amer, mais toujours juste. Il n’a pas changé dans Chansons ordinaires, son huitième album, rude par ses sonorités rock et sa voix rocailleuse, mais attachant par ses choix de thèmes. Il s’est entouré de trois nouvelles têtes : Sébastien Buffet, David Euverte et Thomas Poli, pour "se réveiller" et retrouver les sensations de ses débuts.
Une grosse demi-heure de chansons "pour les amis", "pour un homme couvert de femmes", "du bon vieux temps", "qui laisse des traces"… Chansons ordinaires, certes, mais pas légères. L’histoire dit que Miossec n’est qu’un homme imbibé, probablement pour fuir la vanité du siècle. En même temps, c’est facile de dire qu’un Breton est alcoolique, ce n’est pas fin non plus. L’histoire dit aussi que ça va mieux depuis quelques temps, il ne met plus de rhum dans ses mojitos. Il est contestataire, ne veut pas entrer au Panthéon d’une vulgaire chanson française, se pose toujours en marge, pour se démarquer… Plus parce qu’il n’aime pas les préjugés que par égoïsme.
En même temps, il écrit à la mitraillette, chante au AK 47, il dit sans détour et nomme sans compromis "ce n’est pas parce que tu te sens seul qu’on a besoin de voir ta gueule". Ça, c’est dit. Et résume l’album, sec et nerveux, voire oppressant. "Une chanson protestataire" ce ne sont "que des paroles en l’air", "Une chanson sympathique", "c’est pas parce que t’as touché le fond que tu grimperas au plafond", "Une chanson du bon vieux temps" c’est "j’aimerai tant te croire morte", "Une chanson pleine de voix" c’est "je deviens mon pire ennemi".
Le timbre écorché, Miossec livre onze histoires couvertes par les guitares saturées, avec une brutalité percutante, avec des textes qui sont un mélange de dépit, de rage et de colère, il semble être un musicien torturé et à fleur de peau. Il m’a troublée et marquée là, au fond, dans ce petit coin poussiéreux que je pensais avoir oublié. |