Leur nom présume l’alcool et la fête, voire la beuverie et l’orgie : Debout Sur le Zinc. Mais pas du tout, ça serait trop facile de rentrer dans la caricature, ils sont debout parce que le monde est fou. Contrairement aux autres dénonciateurs, ils ne rentrent pas dans la nostalgie un peu désuète du c’était-mieux-avant, ils proposent bien mieux : La fuite en avant, pourquoi pas ?
Loin de moi l’idée de chercher une faille dans l’enfance des créateurs du groupe, mais ce sixième album cache mal une douleur sourde, comme une tristesse inconsolable. Oh et puis zut, moi aussi je me lance dans la psychanalyse à deux sous : un membre du groupe a souffert de l’abandon d’une femme ? Sa mère ? Son premier amour ?
"Avance sans moi", évoque la douleur de l’absence, quand on entend son cœur battre tout seul contre l’oreiller avant de s’endormir. "Comme un frisson" parle des choix assassins, des regrets, des remords, du mal que nous faisons aux autres et à nous même, abîmant les belles choses à petit feu, idem pour "Le cran" qui nous manque pour faire le fameux petit pas qui sépare.
Mon cœur va à "J’ai déjà donné", qui met les mots justes sur les failles qu’on regarde sans les voir, sur les présages de douleur qu’on repousse de toutes ses forces jusqu’à ce qu’ils nous tombent dessus, les douleurs subies, les effondrements qu’on ne compte plus… Les auteurs réussissent en même temps à insuffler un puissant souffle d’espoir dans ce titre absolument déprimant, parce que rien ne dure, le temps passe et cicatrise les blessures. Après la pluie vient le beau temps, n’est-ce pas ?
DSLZ, quel horrible raccourci pour ce groupe estampillé "Nouvelle Scène", qui va chercher dans les regrets passés et les remords oubliés la force d’aller de l’avant et de poursuivre sa route en souriant, au son de joyeux banjos, de drilles de tambourins, de larmes de violons, de contrebasses mélancoliques, de sifflements de clarinette et d’accords de mandoline.
Au bout du compte, ils ne chantent pas seulement que le monde est fou, simplement que si la vie était une gentille promenade, elle ne serait certainement pas aussi bien. La solution est d’opter pour "La fuite en avant", quoiqu’il arrive, avancer, même s’il faut trainer ses échecs, ils forgent, même s’il faut pleurer, le soleil sèche les larmes, il y a toujours un plus pour contrer le moins. Une belle leçon de philosophie bouddhiste.
A jeter dans le même panier que Les Ogres de Barbak, Les Garçons Bouchers, Les Hurlements d’Léo et La Rue Kétanou… pour l'emmener sur une île déserte. |