Ne vous fiez pas à la sonorité italienne du bonhomme : Stefano di Battista, c’est du jazz, du vrai, du pur et dur, du brut de chez pomme, la totale, et ça s’appelle Woman’s Land.
Habituellement, le jazz passe pour une musique absolument sérieuse, voire guindée, limite coincée. Peu importe les qualificatifs, il ne faut pas en rire, et ce n’est pas particulièrement drôle, et pour ce qui est de savoir si elle est agréable à écouter, c’est une autre histoire, mais c’est exactement là que je voulais en venir.
Parce que ces trompettes qui s’égosillent jusqu’à en faire gonfler les veines hors de leur lit, les batteries frappées avec un truc en plume, les saxophones qui passent du sérieux sifflement de bateau qui arrive au port, à la stridence d’une flûte à bec entre les mains de collégiens en colère, et tout ça les sourcils froncés, le regard pénétrant et fixe, les ongles impeccables et les cheveux qui brillent… et bien moi ça me fait glousser comme une dinde débutante dans la basse cour.
Parce que ça me fait penser à un type qui en ferait des tonnes, du genre qui sait froncer un seul sourcil à la fois en disant de sa voix la plus sensuelle "ça va ?", et qui décrocherait un sourire ultra-bright, ça fait un peu carton. Et je crois que c’est ce que fait mon Stefano cité plus haut : des tonnes de trompettes, de saxo, de trucs en plumes, à la gloire des femmes que les hommes emmènent diner dans des coins branchouille qui passent du jazz à l’apéro : "Woman’s Land".
Et c’est pile-poil ici que se situe la différence entre lui et mes oreilles, il est franchement doué, et son baratin m’a bien eue. Je suis même devenue jalouse des femmes auxquelles il a écrit ses 12 titres, et moi ? J’aurai plutôt un morceau sensuel à la "Coco Chanel" ? Un morceau mystérieux à la "Josephine Baker" ? Un morceau endiablé à la "Lara Croft" ? Chaque femme doit certainement se reconnaître dans un de ces morceaux "hommage" : de "Lucy" à "Anna Magnani", en passant par "Ella" et "Valentina Tereskova".
Stefano di Battista a le talent de puiser dans chaque personnalité, dans chaque époque, une femme un peu plus spéciale que les autres, qui a fait avancer les autres, et de les magnifier en musique. Ce n’était pas gagné, mais il a réussi. |