Le samedi débute sous un ciel couvert et un temps assez lourd, les balances se succèdent à toute allure.
C’est à Flotation Toy Warning, jeune groupe anglais découvert pour la France par le très clairvoyant Sean qui mène à bout de bras son label Talitres, que revient le soin de démarrer la journée.
L'atmosphère cinétique et onirique qui se dégage de l'album ne transparaît pas en évidence sur ce concert, gommée un peu par l’ambiance festive propre aux scènes en plein air accentué par une programmation en début d'après midi sous le soleil.
De plus, même s'il est visiblement heureux d'être là, le quintet est impressionné et éprouve quelques difficultés à prendre ses marques.
Qu'à
cela ne tienne, les morceaux sont fidèles à ceux que
l'on a découvert sur le disque Bluffer's
guide to the flight deck.
On retrouve : un son planant, mélancolique, des mélodies accrocheuses, un format atypique (pas de morceaux de 3 minutes basés sur une structure couplet refrain, mais de longs développements sonores) et la voix profonde du chanteur Paul Carter à la tessiture de chanteur d’opéra.
Une grande partie de l'album est jouée dont les extraordinaires "Fire engine on fire part II","Donald pleasance" ou encore "Even fantastica".
Malgré quelques appréhensions, la prestation des Flotation Toy Warning est réussie et les applaudissements nourris et chaleureux du public qui découvrait le groupe, puisque l'album ne sortait que le 17 août, sont de bonne augure.
Il ya fort à parier que ce groupe pourrait suivre le chemin tracé par The National l'an dernier, et sur lequel pourrait également s'engouffrer Daniel Béjart et son Destroyer, autres signatures du label.
>> La conférence de presse de Flotation Toy Warning
Lali
Puna investit ensuite la scène devant un public largement
plus nombreux.
L'électro rock répétitive du groupe allemand avec un chant monocorde que l'on pourrait comparer à Stereolab, fait monter la pression malgré un concert, consistant essentiellement à reproduire les titres de l'album sans grande fantaisie, peu spectaculaire tant sur le plan musical (musique électronique et préprogrammée oblige) que visuel (avec les petits hochements de tête de Valérie Trebeljarh et les gesticulations saccadées du guitariste Markus Acher).
>> La conférence de presse de Lali Puna
Arrive
enfin Air avec son artillerie lourde et
ses guests. Le public est nombreux et gonflé à bloc
tandis que la fumée dispensée sur scène tente
de rivaliser avec difficulté avec celle provenant des stands
de merguez... Ça va chauffer !
La foule se densifie ce qui rend malaisée la circulation dans le Fort.
Apparemment de nombreux festivaliers ne sont venus que pour eux
: après de longues minutes d'attente et un retard général
qui dure, Air investit la scène.
Le show est impeccable et c'est un réel plaisir de voir que
le groupe est capable de faire de la vraie musique live. Le concert
est une sorte de best of de tous les singles avec comme simple bonus
l'apparition de Gordon Tracks sur "Playground
Love".
Y'a-t-il eu un problème technique ? En tout cas les deux compères semblent désolés de quitter la scène au bout d'une toute petite heure, laissant le public un peu sur sa faim.
Difficile de passer derrière une telle ribambelle de tubes. La tâche de Phoenix est ardue.
Le spectacle sera sans surprise. Du rock avec un petit goût de seventies et un gros manque d'originalité...
>> La conférence de presse de Phoenix
Quand arrive TV on the radio, on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. Précédé d’un remarquable et ambitieux album qui explore différents registres musicaux pour en tirer un son singulier, le groupe est la grande inconnue du soir.
Accompagnés
d’un batteur et d'un bassiste jouant de dos, qui vont tenir
toute la rythmique de manière impeccable, David
Sitek et Kyp Malone s'agenouillent
pour bricoler leurs pédales d'effets et autres instruments
tandis que Tunde Adebimpe se met petit
à petit en jambe. Introduction un peu surréaliste
et pour le moins surprenante.
Ensuite tout s'enchaîne avec une rigueur et une énergie
dévastatrice ! Les guitares fusent, le chanteur tombe en
transe. Sa voix de stentor, puissante, profonde et vibrante imprégnée
des spasmes des chanteurs de gospel nous assène les chansons,
issues essentiellement de l'album Desperate
youth, blood thirsty babes, devenues de vraies machines de
guerres, des tubes en puissance.
Et de la puissance, les Tv on the radio en dégagent ! Impeccables bidouilleurs de sons, ce sont également d'excellents musiciens et le côté un peu arty et pénible de l'album s'efface totalement au profit de chansons très rock 'n ' roll.
Entre le chanteur véritablement habité, le guitariste en état de lévitation permanente et le maître d'oeuvre qui triture guitare et boutons en tout genre tout en entonnant les paroles des chansons, on assiste à un véritable concert psychédélique, frénétique, à la saturation toujours maîtrisée.
Sans aucun doute le meilleur concert du festival et un groupe plus que prometteur à suivre s’il décide de continuer. Car en effet, chacun des membres du trio a des activités parallèles comme le cinéma pour Tumde ou la production pour David et on peut se demander si ce groupe est un vrai groupe à proprement parler ou un laboratoire d'essai pour les prochaines productions de David.
>> La conférence de presse de TV on the radio
Toujours dans la série des groupes atypiques signés chez Beggars, mais dans un tout autre registre, Peaches a été invitée à clôturer la soirée. Peaches qui a construit son fonds de commerce sur la provoc kitsch rejoue donc le même show depuis maintenant un an.
Perchée
sur une estrade pour que personne ne rate rien, Peaches débarque
guitare en bandoulière au son d'une groove box qui est la
seul "orchestration" de tous ses morceaux.
Short moulant, et soutien gorge noir, petit clown triste perdu sur la grande scène est ensuite rejointe par deux grandes filles équipées de barbes (?) et de godemichets rouges... pourquoi pas...
Sautant hurlant et grimpant aux pylônes métalliques de la scène, Peaches assure le spectacle certes mais tout ceci est un peu pathétique et, comme le disait ce cher Jacques Tati, "Trop de couleurs distrait le spectateur".