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René de Obaldia  (Editions Grasset)  octobre 2011

Pour illustrer la jaquette du "Théâtre complet" de René de Obaldia, les Editions Grasset ont choisi un étonnant portrait photographique en noir et blanc réalisé par le photographe des célébrités Richard Dumas.

En effet, il montre un homme au visage sérieux, grave, presque hermétique, tenant un miroir brisé sur lequel est inscrit son nom. Voilà qui paraît étonnant pour l'académicien poète, romancier et auteur dramatique pour qui écrire c'est "divertir avec humour".

Mais il est vrai que sa plume inventive et son humour facétieux, qui flirte délibérément avec l'esprit, constituent les véhicules qu'emprunte le tragique de la condition humaine auquel il est particulièrement sensible et qu'il ne cesse de traquer même dans des sujets légers qu'il traite à la manière du vaudeville.

S'agissant de son oeuvre dramatique qui s'est épanouie dans le registre comique, au point où, avoue-t-il avec une candeur qui fait son charme, "il m'est arrivé d'éclater de rire à mes propres pièces oubliant que j'en étais l'auteur", il indique que ce sont "des pièces écrites dans l'élan, selon l'humeur du moment, et comme pour exorciser mes démons" par lesquelles il fait rire mais sur un fond tragique, son côté espagnol écrit-il, reçu en héritage de l'ascendance paternelle qui a émigré au Panama pour y vivre une épopée épique qu'il narre dans son "Exobiographie" qui vient d'être rééditée.

Pour évoquer ses opus théâtraux en l'occasion réunis, soient plus de 1 200 pages pour 40 années d'écriture éclectique qui n'a pas pris une ride, mieux vaut laisser la parole à l'auteur. Ainsi, dans sa courte préface, il établit des correspondances musicales pour en faire une présentation synthétique.

Ses pièces courtes, ses fameux "impromptus" qu'il qualifie de "prétextes plus que textes", témoignent d'une prédilection pour les sonatines de musique de chambre. "Pour donner à rire sans compter", la recette est simple : "trois personnages au maximum, chaque décor réduit au squelette, le temps d'un sein nu". Ainsi "Edouard et Agrippine", écrit par défi en réponse d'une commande de la radio pour un meurtre en 25 minutes et "Poivre de Cayenne" dans lequel mieux vaut être bagnard face à l'aliénation sociétale contemporaine ("le monde entier est devenu un bagne... les individus ils n'ont même plus le temps d'être des individus, chacun, dans son trou, il est collectif ; parfaitement collectif comme les taupes, pas le temps de piper, pas un moment pour souffler sur la braise").

Et puis la quinqualogie étincelante de ses derniers impromptus - qui traquent la vacuité existentielle et l'incommunicabilité à la présence d'autant plus pathétique à l'ère de la communication - réunis sous le titre "Merci d'être avec nous".

C'est à l'oratorio qu'il se réfère pour ses essais radiophoniques tels "Le damné" où un homme qui a perverti le langage à des fins criminelles est condamné à chercher le mot libérateur.

Certaines comédies ressortissent du concerto tragi-comique sur le thème du couple telles "Deux femmes pour un fantôme" et "La baby-sitter".

Et puis, il y a les symphonies, avec la première en date et première d'une série de succès sans discontinuer "Génousie", comédie onirique qui épingle les intellectuels de tous poils et les pièges de la langue, montée en 1960 au TNP par Jean Vilar, dont la première réplique donne le ton de son humour : "Oui, ce château est très agréable. J'y retrouve mon enfance. Il me semble que là, je vieillis moins vite qu'ailleurs".

Ce sont, entre autres, l'hommage à Molière avec "Les bons bourgeois" écrit en alexandrins, transposant "Les femmes savantes" en mai 68, "Et à la fin était le bang", comédie héroïque écrite en 1968 sur la pertinence de la spiritualité à l'heure des avions supersoniques et la création d'un nouveau genre théâtral, celui du western de chambre, dont il reste sans doute à ce jour l'unique représentant, divertimento en forme de parodie du mythe de l'Ouest américain "Du vent dans les branches de sassafras" qui en 1965 fit triompher Michel Simon et réciproquement.

Mais aussi "Le satyre de la Villette" ode poétique à l'enfance et "Monsieur Krebs et Rozalie", comédie futuriste dans laquelle par la voix du savant humaniste et de sa créature zozotante, il pousse son cri de rage et de lamentation sur l'atavique folie humaine ("Depuis les origines, le sang des massacres continue à circuler ; un fleuve ininterrompu : le sang des innocents. Depuis que l'immonde est immonde") à la face de Dieu ("Le fils de Dieu, obstinément juif, a tellement pris goût au martyre que, dernièrement encore, il s'est offert Auschwitz, Buchenwald, Dachau, Treblinka, avec toute sa suite : six millions de sujets étoilés ! A vomir. A désespérer").

Devenu Immortel par la grâce de son élection à l'Académie Française en 1999, l'homme l'est également par son oeuvre dans laquelle il faut déguster à l'écoute - René de Obaldia est un des auteurs les plus joués au monde - et à la lecture la richesse jubilatoire de la langue qui se joue de toutes ses ressources sémantiques et de tous les styles.

Le Théâtre du Ranelagh lui consacre un festival du 9 septembre au 19 novembre 2011 comportant notamment à l'affiche "Du vent dans les branches de sassafras" et à l'occasion duquel il monte personnellement sur scène pour une époustouflante causerie à géométrie variable intitulée "Obaldia sur scène" à laquelle il avait pris goût au Théâtre du Petit Hébertot en 2009.

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
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