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Le Fil  (Saint-Etienne)  lundi 21 octobre 2011

Apocalypse selon Saint-Georges

Je vis alors les douze anges en faction devant Dieu : on leur donna douze trompettes."

Les trompettes de la renommée

Parfois ces trompettes ne sont pas si mal embouchées. Jugez plutôt : petit-fils du légendaire Pavle Marković, trompettiste favori du roi de Serbie, Boban du même nom est une star dans ce monde de cuivre et de son.

Sa notoriété largement dépasse les frontières du vieux continent.

Le festival de Guca, connu en Serbie comme le plus grand rassemblement de trompettistes du monde, l'a consacré cinq fois trompette d'or, faisant dire à Miles Davis : "Je ne savais pas qu'on pouvait jouer de la trompette de cette façon". Et bien oui Miles ! Et il joue comme ça depuis des années à différents endroits du globe… il force le respect. Il est comme ça Boban…

Implacable défenseur du répertoire traditionnel Serbe et Tzigane, et habile musicien, attentif au monde qui l'entoure, mélangeant avec bonheur et curiosité les courants musicaux pour créer un univers, énergique et coloré.

Cet univers, à la fois festif et mélancolique, est rempli d'images ; les paysages d'Emir Kusturica y défilent, de Belgrade à New-York, d'Arizona Dream à Underground, dont les B.O. résonnent des cuivres du Boban i Marković Orkestra.

Bien embouchées ces trompettes ! Si bien, qu'il ne faut pas s'étonner de voir les spectateurs de tous bords, s'amasser dans cette grande salle. Ecoutez, Ils approchent…

Les trompettes de Jéricho

Environ 1500 ans avant JC, s'écroulaient les murailles de Jéricho, sous la force des trompettes résonantes des sept prêtres portant l'Arche d'Alliance.

Quelques minutes avant Boban, Doïna Quintet, la première partie, achève de nous préparer à l'état de siège. Les murailles du Fil vont trembler. Des jazeux au babs locaux, des Bobos aux Cinéphiles, tous ont répondu à l'appel de ces trompettes, prenant d'assaut le Fil de Saint-Etienne pour une soirée aux vibrations exceptionnelles. La folie s'installe… Boban, de blanc vêtu, entre en scène. Une note résonne, reprise puis amplifiée. C'est un troupeau qui charge, c'est un monde qui vibre ! Les spectateurs exultent : que les murs du Fil résistent s'ils le peuvent, car ça y est, le public est à l'Est… Le séisme approche...

Les trompettes de la mort

La trompette de la mort est un champignon basidiomycète du genre des craterelles qui, malgré ce nom sinistre dû à sa forme et à sa couleur de deuil, est comestible et compte parmi les plus appréciés dans nos forêts de l'hémisphère nord. Douze de ces basidiomycètes du genre des craterelles encerclent Boban. Géants aux gueules cassées qui aux trombones, tubas, cors, trompettes et autres grosse caisse, entourent le Boban de leur puissance.

Gang de sales voyous en or et noir, ils obéissent à la trompette d'une jeune pousse. Car ces jeunes trompettes d'Europe de l'est grandissent bien vite.

Et déjà le jeune Marko Marković, tout de noir vêtu, à la cravate barrée de blanc, fils de Boban, petit fils de Dragutin et arrière petit-fils de Pavle, a pris les rênes de cette incroyable chevauchée. Sur demande de son père, Marko a bouclé ses valises à 14 ans pour suivre l'Orchestre.

Quatre ans plus tard, en 2006, Boban, reconnaissant le talent de son fils, consolidé par dix heures de trompettes quotidiennes depuis sept ans, lui confie la direction de ce qui est devenu alors, le Boban I MARKO Marković Orkestra.

Notre jeune pousse n'en finit pas de briller. L'énergie passe par lui. Il guide les musiciens. Pas de set-liste, les techniciens son et lumière n'ont qu'à bien se tenir.

Marko lance trois notes avant chaque morceau et la bande des douze noir et or suit aussitôt, sous l'œil rieur et heureux du Boban, qui, en exigeant patriarche aimant le travail bien fait, savoure cette poêlée musicale pimentée bien à son goût. Le public se régale également, communiant avec folie dans une transe pantagruélique. Les fous sont lâchés, nous ne les teindrons plus. L'Apocalypse approche…

Les trompettes du jugement dernier

"Alors je vis et j'entendis la voix d'un aigle qui volait par le milieu du ciel, et qui disait à haute voix : Malheur ! Malheur ! Malheur aux habitants de la terre, à cause du son des dernières trompettes dont les Anges doivent sonner !". Un grand barbu, aux longs cheveux blancs, moitié prophète, moitié Père Noël fait valser de jeunes demoiselles aux décolletés négligemment déboutonnés. Les odeurs se mélangent. Un peu de fleurs, beaucoup de sueur. Quelques géants du premier rang haranguent la foule, des billets de vingt euros collés sur leur front fiévreux.

Des masses de cheveux me bousculent pour me dépasser, levant au ciel des verres de bières qui tanguent dangereusement. La voix aérienne de Boban s'élève alors et couvre avec bonheur, bonheur, bonheur pour les habitants du Fil, les cuivres et l'agitation générale. Bubamara ! Puis plus tard Kalachnikov ! Ça pétarade sec dans la fosse, ça explose ! Vient le temps des gitans pour se ressaisir, mais un Hava Nagila énergique relance la frénésie. Il faudra pourtant bien en finir…

Alors viendra "la dernière trompette : l'achèvement". Toujours en musique jamais vraiment en spectacle, le Boban i Marko Marković Orkestra cultive ce petit entre-deux qui suscite la folie en offrant de l'exceptionnel. Nous ne sommes plus dans la rue, mais pas vraiment dans une salle de spectacle. Le show est très rodé, impeccable, mais pas figé, sur la ligne jaune. Pas de personnages, que des hommes sur scène, qui jouent, qui jouent, tant qu'ils sont là.

Puis, après un final généreux en devant de scène, le fils sonna de la trompette et la fin du monde approcha. Seul en scène, il égrène ses dernières notes. Quand le silence revient, sans micro il fait pleurer sa trompette dans un éternel Ederlezi, se souvenant des amours mortes le jour de la Saint-Georges… Cette fois c'est la fin qui s'approche…

- Mais en attendant la fin du monde, je pense qu'il est temps de conclure cette chronique dont l'issue mystique me parait de plus en plus improbable…
- Et bien, concluons : "Ah tous ces hommes qui soufflent à pleins poumons, c'est beau !"
- C'est ça la conclusion…
- "C'est beau de l'air… ?"
- Non… c'est Baudelaire : "Le son de la trompette est si délicieux, dans ces soirs solennels de célestes vendanges, qu'il s'infiltre comme une extase dans tous ceux dont elle chante les louanges".

 

En savoir plus :
Le site officiel de Boban i Marko Marković Orkestra
Le Myspace de Boban i Marko Marković Orkestra
Le Myspace de Doïna Quintet

Crédits photos : Eric Ségelle (Toute la série sur Taste of Indie)


Cyril Hortala         
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