Lecture de textes de Jean-Luc Lagarce, Bernard-Marie Koltès et Gilles Saoud, par Stanislas Nordey et Thomas Gonzales.
Suite au cycle "Théâtre Ouvert/40 ans" qui s'est déroulé au Festival d'Avignon 2011, ses directeurs Lucien et Micheline Attoun, ont donné une carte blanche parisienne au comédien et metteur en scène Stanislas Nordey.
Ce dernier l'a composée du monologue, "Sodome, ma douce" de Laurent Gaudé interprété par Valérie Lang dont il assure la mise en scène et de lectures d'une part, dans le cadre du Gueuloir des auteurs créé par ce théâtre et, d'autre part, dans le cadre d'une "Traversée" sous forme de mises en voix de textes d'auteurs contemporains qui ont été édités par le Théâtre Ouvert.
Pour cette traversée décritures dramatiques contemporaines intitulée "Traversée / 2e", qu'il dispense, alternativement ou a double voix, avec Thomas Gonzales, jeune comédien issu de l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes, il a choisi, en premier lieu, des auteurs qui font partie de ses compagnons de route théâtrale et qu'il connaît bien pour les avoir travaillés.
Tout d'abord, Jean-Luc Lagarce avec "L'apprentissage", texte court qui constitue avec "Le voyage à La Haye" et "Le bain" la trilogie connue sous le titre "Trois récits" qui figure parmi ses derniers écrits, dans lequel l'auteur évoque, au sortir d'une longue nuit thérapeutique alors que son être est objetisé dans l'univers hospitalier, la renaissance, l'incomparable plénitude d'"être en dedans de soi" qui signifie peut-être déjà opérée la traversée du miroir.
Jean-Luc Lagarce encore avec un extrait, celui avec "l'amant, mort déjà", de sa pièce ultime "Le Pays lointain" dans laquelle il tisse les mêmes fils que ceux de "Juste avant la fin du monde" pour une mise en résonance du passé et d'un présent qui file entre les doigts comme du sable et écrire une impossible résilience.
Ensuite, Bernard-Marie Koltès avec "Douze notes prises au nord" dans lesquels l'auteur topographie le quartier de la Goutte d'Or pour un voyage dans le nord du sud et se retrouvent ses thématiques récurrentes.
Enfin, il propose la lecture d'un texte d'un auteur sans doute largement inconnu du public, Gilles Saoud. Intitulé "Le lit", il compose le récit d'un homme, vieux déjà, qui regarde un jeune homme endormi près de lui et lui parle du désir inassouvi qui le consume et qu'il va réaliser, peut-être en rêve seulement.
Stanislas Nordey, excellent comédien, maîtrise l'art de la mise en voix et Thomas Gonzales, certainement pas choisi au hasard tant il est dans la même dynamique pour porter les mots, la langue et l'univers de ces auteurs, dispensent un moment rare. |