La dégaine d’un étudiant en arts plastiques, le cheveu savamment hirsuté, piercing à l’arcade, sweat à capuche et pompes confortables (ces trucs pas beaux en tissu avec des lacets inter-changeables, et même qu’on peut pas sauter dans les flaques avec, sinon ça fait déteindre sur les chaussettes, et pas moyen de les ravoir…) Bref, maintenant qu’on m’appelle "madame", je classe Tristen dans la catégorie "petit jeune", qui s’est dépatouillé tout seul comme un grand pour livrer son premier album L’ombre à suivre.
Puisque je n’arrive pas à mettre un nom sur son style, c’est qu’il est sans-étiquette et doit passer par plusieurs chantiers, tantôt côté pop, tantôt côté rock, tantôt balade sur le fil de la voix, juste avant de féminiser vraiment son timbre, tantôt mélodique entrainante, tantôt français, tantôt anglais (avec tout de même un bel french-accent, genre brèque-feusste pour breakfeast, mais c’est mignon).
Tristen chante les filles qui passent dans son lit "Sans se connaître" ("si tout commence, et si tout s’arrête, perdons connaissance pour mieux nous connaître"), ou l’histoire d’un garçon perdu qui se perd sur les corps des femmes pour oublier sa vie dissolue.
Il prône l’amour à perpétrer pour la souvenance, à l’image du mec qui a changé l’eau en vin, pour faire croire à ses potes que c’était son sang à reboire pour se souvenir de lui ("Sans mémoire de moi" : "Quand j’aurai goûté leur chair dévoré leur goût amer, quand j’aurai bu au calice des jeunes Sarah et Alice, Vous ferez cela sans mémoire de moi". Un brillant hommage à Casanova ?
Et "L’ombre à suivre" ? Titre qui donne son nom à l’album, il semblerait que l’ombre soit l’espoir, le futur, la suite, l’après, la finitude, l’exemple, le possible, les projets… Oui, tout ça, et encore plus.
L’album m’a laissée un peu perplexe, comme s’il n’était pas fini ou trop troublant. Un poète qui parle de la vie avec une maturité que je n’ai pas encore atteinte ou un libertin qui ne vit que pour les plaisirs faciles et immédiats ? A suivre. |