Conversation avec mon acupuncteur :
"- Il semblerait que la méchanceté soit la seule chose encore gratuite en ce monde.
- Oui, mais alors pourquoi certains en fond leur fond de commerce ?
- Comment ça ?
- Les meilleurs critiques sont les méchants, les enfonceurs, les casseurs, les insulteurs, ceux qui trouvent la petite bête, qui appuient sur le moindre point faible...". Ceci l'a laissé grandement perplexe. Il s'en est même piqué la quenouille.
J'en étais exactement à ces considérations quand je m'en fus voir le concert du vendredi. Je me suis donc résulue à vous livrer une critique potentiellement méchante, afin de côtoyer les gloires des chroniqueurs. Voyons voir...
Après une première partie présentant un pianiste et un imposteur, Lilly Wood et sa bande de Prick nous a livré un concert... Hum... comment dire... dythirambique !
Zut, ce n'est pas méchant ça. Je recommence.
Lilly Wood a dû participer à la foire aux vêtements organisée par ma grand-mère, ce qui lui donnait un look à la fois folk et kitch, parfaitement en phase avec l'ambiance soul-pop-electro de sa musique. Rhââââ... c'est trop dur. Tant pis.
Il était une fois un homme orchestre très très pauvre (ou qui s'ennuyait, au choix). Passionné de musique, ce petit bonhomme n'a de la musique qu'une vision fantomatique. Il vit au sous-sol d'une grande maison peuplée de musiciens qui passent leurs journées et leurs nuits à faire des gammes, à pousser la chansonnette dans la cage d'escaliers, à battre des rythmes, à délier leurs doigts. Mais il ne peut posséder ces coffres de bois producteurs de si jolis sons, le seul coffre qu'il possède, c'est sa cage thoracique.
Et c'est là que le petit bonhomme devient un génie : son corps est son instrument. Sa voix est sa corde. Son coeur est sa basse. Son souffle est sa batterie. Tout, chaque partie de lui devient producteur de son, comme un type qui aurait avalé un orchestre entier, qui chanterait avec ses oreilles en claquant des orteils.
Loin d'être un imposteur, ce Rewind est un génie, rien d'autre. Et son talent prend toute son ampleur quand Bach in The Days l'accompagne au piano, pour jouer Bach, évidemment.
Loin d'une vulgaire démonstration de Beat Box ordinaire, à grands coups de postillons et de tapotage de thorax, Rewind - Bach In the Days nous a livré un hip-hop franc et ultra bien exécuté.
Lilly Wood est un petit bout de femme énergique, portant le doux nom de Nili Hadida, doublé d'un discret acolyte (si, à droite, le monsieur en noir, c'est Benjamin Cotto), et de ses musiciens (The Prick).
Tout commence dans le noir, deux énormes papillons de nuit dans le fond, la même voix que Selah Sue (mais si, vous savez, ce timbre particulier que savent prendre certaines femmes, entre le chevrotement et l'exagération sensuelle...), rythme lent, voix omniprésente, un petit coucou au public, une autre couleur, un autre titre, endiablé, encore un autre, enfin une "Love song" qui parle justement de l'amour, sans mièvrerie, avec des promesses de folie et de youplaboum à tous les étages ! Vous ne savez pas de quoi je parle ? Mais si : la pub du parfum Idylle de Guerlain.
Tout s'enchaîne tellement vite, les coeurs battent avec sa batterie, les mains se lèvent avec les siennes, le public est le choeur, la suite, le prolongement de ses créations. C'est donc ça un artiste "en phase avec son public".
Wouah ! Et au beau milieu, tiens, mais je connais ça ? C'est "L.E.S Artistes" de Santogold, LA reprise qui a fait connaître Lilly Wood & The Prick en 2008. Et en petit cadeau pour la fin: le nouveau titre, "Hopeless Kids".
Une musique folk, electro, soul, pop-anglaise... Moui... Tellement réducteur de réduire des sensations à quelques mots qui ne me disent rien.
A mon avis, Lilly Wood and The Prick sont sauvages, mutins, endiablés, passionnés et trépidants de bonne humeur.
Et je ne dis pas ça pour la charismatique chanteuse, dans ce groupe, elle devient une espiègle Esméralda usant de ses envoûtements pour mieux faire vibrer la foule.
Ils vivent la musique comme on mange du chocolat : avec gourmandise et sans arrière-pensée, si ça fait du bien, ça ne peut pas faire de mal.
Et pour bien terminer la soirée, v'là-t'y pas que Miss Wood se transforme en DJ, avec ses platines, ses musiques, jusqu'au bout de la nuit. |