Le Nouveau Casino affiche
complet pour la première prestation du
Mark Lanegan Band, formé en 2003, venu avec son premier
album Bubblegum mais qui en revanche
n'est pas le premier album de Mark Lanegan en solo.
Mark Lanegan, le chanteur mythique de Screaming
Trees, groupe de rock psychedelique dans la mouvance de Nirvana
et Soundgarden, et de Queens Of The Stone Age,
groupe de hard rock né des cendres du heavy metal de Kyuss.
Le Mark Lanegan Band joue sans première partie. La scène
est pratiquement plongée dans l’obscurité, éclairée
de deux petits spots rouge et jaune. Elle le restera tout au long
du concert, animée de quelques éclairages bleu ou
violet, rasants, de manière à laisser Mark Lanegan
dans une perpétuelle brume post-gothique.
Physique hybride entre Tom Waits, sans sa tignasse à la
Eraserhead, et Boris Karloff dans le monstre de Frankestein, éclairage
tamisé violet rasant par le bas, voix caverneuse, profonde,
Mark Lanegan, dont les rares déplacements sur scène
sont similaires à ceux dudit monstre, fout les jetons, sidération
et crainte mêlée.
La présentation de ses musiciens et quelques rares mots
constitueront ses seuls échanges avec le public. Pour partir,
il traversera la salle rapidement presque furtivement, sans un mot,
sans un regard alors que les musiciens s’attarderont un peu,
échangeant quelques mots avec le public.
Concert démentiel à côté duquel l’album
paraît une bluette. En effet, la surprise fut de taille dès
le début du concert. 2 guitares surpuissantes (une menée
par Michael Barrigan tatoué tendance
gothique et l'autre par Brett Netson,
barbu halluciné), Eddie Nappi à
la basse monstrueuse, un batteur forcené et une choriste
également tatouée accompagnent l'empereur Mark dans
une interprétation très rock et bruyante de l'album
Bubblegum.
Bruyante et fidèle car le côté très
blues est toujours là mais les guitares sont beaucoup plus
agressives, en lutte permanente avec la voix surpuissante de Lanegan.
Accroché à son micro, jambes écartées,
un pied en avant comme pour ne pas perdre l'équilibre. Il
ne lâchera son micro qu'à de rares occasions notamment
pour s'éponger ou allumer une cigarette dans une pose théâtralisée
mais qui fit le bonheur des fans dont le Nouveau Casino était
bondé, T shirt de Queen of the stone age et Nirvana à
l'appui.
1h30 de rock comme on n'en fait plus, qui renvoie au berceau nombre
de jeunes rockers aux dents longues apparus ces derniers temps.
Le roi du grunge est mort, vive Mark Lanegan.
Quelques minutes plus tard, dans une boulangerie de la rue Oberkampf,
Michael Barrigan et la chanteuse, redevenus anonymes, viendront
acheter une crêpe nutella-banane. Timides, ils nous demandent
comment se dit banana en français. Nous les remercions pour
le concert. Michael Barrigan est heureux. Il se dit content de l’ambiance
du Nouveau Casino et que ce bon feeling lui a permis de vraiment
bien jouer.
Les sunlights sont éteints. Mark Lanegan est déjà
loin sans doute...
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