Avec son petit côté premier de la classe de post-rock, Zalem pourrait en énerver plus d'un avec Στίγμα, son premier album.
C'est sûr, des musiciens hellénistes, on n'en croise pas tous les jours. Surtout des qui essaient de vous intéresser à la fusion de deux graphèmes pour explorer la polysémie du terme "stigmates", en envisageant toutes les couches symboliques possibles. Heureusement, cette pompe trouve surtout à s'illustrer en un magnifique artwork cartonné qui en excusera les prétentions et le disque lui-même ne se donne jamais des airs de dictionnaire étymologique ou d'étude des mutations de la langue.
La musique elle-même prouverait plutôt que Zalem n'est pas qu'un groupe binoclard, et l'on dégustera avec plaisir les deux disques qui composent un album aux allures de sans faute. Plus d'une heure trente d'une musique lourde et lente, belle comme une charge de walkyries, aérienne comme l'arrivée d'un destructeur commando mécanique, et qui ne sera pas sans rappeler les grandes heures de formations comme Caspian, Russian Circles, Pelican ou Red Sparrowes. Autant dire : le plus solide de la mouvance.
Leçon bien apprise et bien récitée ? Il est vrai que Zalem connait son crescendo-decrescendo sur le bout des doigts. Mais le groupe angevin se permet d'aller un peu plus loin : tout cela a le sens de l'épique, du bien trop. Alors oui, Zalem risque fort d'en énerver plus d'un, parce qu'à oser la démesure, Zalem a fait le pas qui manque tant à d'autres. Ὕϐρις ? Affirmatif. De celui dont on fait les héros tragiques. |