Comme tout chroniqueur, amateur ou professionel, j'ai mes préférences. Et disons-le franchement, depuis la séparation de Supergrass, la pop music me semble assez fade dans son ensemble. Inutile alors de préciser que la britpop ne me prend quasiment plus aux tripes - surtout en cette année 2011 qui aura vu atterrir dans les bacs les nouveaux projets des frères Ghallager, qui annoncent déja une reformation en 2015.

Pourtant, ce début de chronique est une erreur géographique sans précédent, je vois déja les fans d'indé hurler au crime, car oui le groupe dont je chronique le disque n'a rien d'anglais et vient du New Jersey.

Mais comme tout chroniqueur, j'ai une sensibilité qui est logiquement personnelle, et qui pousse parfois à dire des bêtises. Tant pis pour la postérité, l'histoire de la musique est subjective. Chacun a son idée de qui a était le précurseur de tel ou tel mouvement et l'on parlera avant tout de ressenti. Ceci n'est pas géographique et peut-être fait d'anachronismes, sans quoi l'on ne chanterait pas en anglais en France, et Paul McCartney n'aurait jamais chanté en français et Johnny Hallyday n'aurait jamais chanté en turc. Et ce disque résume tout ce que j'attends de la britpop depuis un an et demi.

Ce disque est puissant, riche, et le fait qu'il n'ait pas été écrit et joué par des anglais y est sûrement pour beaucoup, car l'on retrouve en plus la patte des productions de la côte ouest (Best Coast, Dum Dum Girls...), qui s'étend de plus en plus à travers le pays (je repense notamment à ce superbe disque de Seapony cette année qui était dans le même esprit et qui ne venait pas de la même ville). La musique n'a pas de pays, c'est un monde à part entière et tout le monde y est convié.

Ce disque m'a procuré des frissons, le genre de truc que tu recherches quand tu n'as pas trouvé le moral, et il est sûrement plus productif de trouver du réconfort ici plutôt qu'avec une bouteille de Jack. C'est moins rock'n'roll mais on parle ici de pop !

L'album se tient entièrement au cours de ses 40 minutes, que cela soit au niveau des compositions, des mélodies, des arpèges, des harmonies, de l'impeccable production où tout est bien mis en valeur, permettant ainsi de savourer ses délicieuses pop song parfaitement fouillées.

Dans une moindre mesure, puisqu'on ne peut comparer la statue de la liberté à sa miniature parisienne, ce disque a quelque chose du Pet Sounds des Beach Boys dans la mélancolie proposée ; peut-être aussi à cause de ses morceaux instrumentaux, qui incitent au voyage, qu'ils soient spirituels et intérieurs ou tout simplement physiques.

Au moment de l'écriture de cette chronique, ce disque me touche. Peut-être qu'il en sera autrement plus tard, c'est aussi ça la musique, une question de période. Comme tous les chroniqueurs, j'écris pour faire découvrir des choses, pas besoin de préciser que je vous conseille de foncer tête baissée. La musique est avant tout une question de coup de coeur, que dis-je, d'âme.