Un mois s'est écoulé depuis la dernière Master Classe de Jean-Laurent Cochet et la première de l'année 2012 se tient exceptionnellement hors les murs de la Pépinière Théâtre.
Elle se déroule à L'Auguste Théâtre dirigé par Pierre Delavène, qui est également le directeur des Cours Cochet, et qui depuis quelques mois a investi les locaux de l'ancien Espace La Comedia dans le 11ème arrondissement parisien.
Ce théâtre à la jauge plus modeste induit une grande proximité scène-salle et permet au public fidèle d'apprécier au plus près les scènes présentées par une brochette d'élèves du cours des nouveaux inscrits aux plus aguerris.
La soirée sera contrastée tant par les auteurs et les styles abordés que par le degré d'aboutissement des travaux proposés. Elle commence avec un sans faute pour Yves-Pol Denielou qui revient avec la tirade du coq de "Chantecler" de Edmond Rostand qui reçoit les félicitations d'autant plus appuyées du Maître qu'il s'agit d'une partition qu'il reconnaît très difficile.
La Master Classe est toujours l’occasion pour Jean-Laurent Cochet de resituer la pièce dans l’œuvre de l’auteur mais également dans l’histoire du théâtre et notamment les circonstances de sa création.
En l’occurrence, il rappelle que cette tirade est la métaphore de la profession de foi du comédien ainsi que les circonstances catastrophiques de la création de la pièce qui essuya un cuisant échec du fait d'une erreur de distribution avec Lucien Guitry dans le rôle du coq et de costumes animaliers pseudo-réalistes qui constituaient de véritables carcans pour les interprètes.
Suit la scène de "Lucrèce Borgia" de Victor Hugo, dans laquelle Lucrèce vient exiger de Don Alphonse qu’il réagisse à l’affront que lui fait subir le peuple de Ferrare qui donne lieu à un travail approfondi au mot près. Et pour ce soir, Priscilla Cheron n'ira pas au-delà de la première phrase de la première réplique, à savoir "Monsieur, Monsieur, ceci est indigne, ceci est odieux, ceci est infâme", dont le sens et l’interprétation sera analysée au détail et à l’intonation près pendant près d’une demi-heure.
Ensuite, avec Jules Houdart et Pierre-Marie Laurent, se présentent deux jeunes élèves pour un rôle, celui de Fortunio, dans "Le chandelier" de Alfred de Musset dans le cadre d’un exercice qui ne se veut pas une confrontation mais une illustration des différentes nuances induites par l’interprète, tant par son physique et son timbre de voix que par son interprétation, et sans doute son propre vécu.
Des élèves déjà plus assurés, Vincent Simon, un des jeunes comédiens sur lesquels Jean-Laurent Cochet fonde de grands espoirs et que les spectateurs assidus des master classes connaissent bien, et Norah Lehembre, qui s’était distinguée lors de la première rencontre dans le rôle d’Eurydice dans la pièce éponyme de Jean Giraudoux, ont choisi de présenter un travail inédit avec une scène de "Ondine" du même auteur scène qu’ils ont travaillé seuls et donc que le Maître découvre ce soir comme les spectateurs.
Là encore, Jean-Laurent Cochet revient sur l’œuvre et notamment le style de Jean Giraudoux qui est tout à fait unique et singulier en ce qu’il consiste en une musique et un chant dont les jeunes comédiens n'ont pas encore trouvé la juste note.
La soirée se clôt avec un travail abouti sur une scène de "Britannnicus" de Racine, celle de l'aveu de l'amour de Néron à Narcisse, avec respectivement Gabriel Mirété et Pierre Boucard, qui n’appelle que des félicitations de Jean-Laurent Cochet qualifiant ainsi ce moment de grand et beau théâtre : "Racine est vivant". Ce qui résume également la mission ultime du comédien : faire vivre les oeuvres. |