En l’an de grâce 2008, après 9 années de vie commune avec Histoire de…, Bebly (Benjamin de son petit nom) décide de continuer la vie de troubadour en solo. Il écume les tavernes (ou pas) et édite un premier album L’autre, il s’égare, puis rencontre des nouveaux compagnons de route (Guillaume Ley et Fabien Rault) et make Le Bonhomme, histoire de bien commencer cette dernière année avant l’apocalypse.
Ma madeleine de Proust ! Pétard de musique qui me fait me sentir vieille et impotente. Bebly a bourlingué avec Cali, Bashung, Déportivo, Romain Humeau, Blankass… Je les connais tous ! Pire ! Je les aime tous ! Encore pire ! Je les ai tous sur-écoutés pendant mon exil étudiant ! Rhaaâa ! Monde cruel ! A quoi bon me rappeler ces lointaines années de naïveté ? C’est donc ça, la sagesse ? Regarder le chemin parcouru ? Revenons-en à nos moutons.
Une jolie pochette, tout en traits fins et précis, nos trois protagonistes avachis dans un salon. Ils se prennent pour Batman ? Ils ont trop bu ? Ils refont le monde ? Ils dorment ? Ils attendent ?
Bebly incarne la musique rock des étudiants de ma génération (ceux qui n’avaient pas commis le rap ou les rastas), le premier blouson de cuir-de-vache-qui-pue, le premier concert endiablé dans une mini salle enfumée, les nuits blanches, les soirées à refaire le monde fraîchement traumatisé par un certain Ben barbu en boubou blanc.
Dès les premières notes (un grand dérapage de cordes), le ton est donné, "Reste encore" "parce que d’avoir fini j’en suis loin" : une explication rupture-imminente, un parfait vidage de sac en forme de vaste exaspération poétique. L’album est truffé de ces doux poisons que sont la passion, l’espoir, les envies, la rage, l’amertume, les loupés, les ratés et les secondes chances.
"A plein temps", façon quand-tu-crois-que-je-me-suis-calmé-je-repars… J’ai osé sauter dans mon appartement (que je croyais plus grand que mon studio d’avant), je me suis cognée, j’ai un gros cocard et l’œil tout gonflé… Si on me pose des questions, je dirais que c’est la faute à Proust !
La recette : basse, batterie, guitares, chant. Les ingrédients : "L’insouciance à bout portant" et "Les saloperies à dire". Réalistiquement rock. En clair : monde cruel ! Aimons tant qu’il en est encore temps ! Entre douceur et énergie communicative, Bebly pose des mots sur nos tracas de bonhomme, les envies pour lesquelles nous ne nous donnons pas forcément la peine. "Etre, paraître, sembler, devenir, avoir l’air, être fier de rien, c’est le monde à l’envers" ("Le schéma"). |