Comédie de Molière et Jean-Baptiste Lully, mise en scène de Catherine Hiegel, avec François Morel, Marie-Armelle Deguy, Emmanuel Noblet, Alain Pralon, Stephen Collardelle, Héloïse Wagner, Camille Pélicier, Gilian Petrovski, David Migeot, Géraldine Roguez, Eugénie Lefebvre, Anicet Castel, Frédéric Verschoore, Joss Costalat, Romain Panassié et Olivier Bioret.
Le Théâtre de la Porte Saint Martin regarde cette saison du côté de la maison de Molière en proposant une version fastueuse du "Bourgeois Gentilhomme" mis en scène par l'ancienne doyenne de la Comédie Française, Catherine Hiegel elle-même.
Cette comédie ballet, qui allie l'écriture de Molière aux musiques de Lully, est propre a déployer les dispositifs scéniques les plus extravagant. Catherine Hiegel signe néanmoins une mise en scène très classique qui souligne particulièrement l'aspect farce de cette comédie au demeurant fort divertissante.
Décors, musique, costumes de Patrice Cauchetier, performances vocales de l'Ensemble baroque La rêveuse et danses parfaitement intégrées au spectacle, semblent sortis du spectacle originel présenté au Roi Soleil, dans un premier degré bling-bling assumé.
François Morel rêvait depuis longtemps d'incarner Monsieur Jourdain, ce bourgeois épris de grandeurs jusqu'à la folie, dispensant son argent à une armée de profiteurs chargés de l'instruire ou de l'introduire et sombrant peu à peu dans un ridicule qui ira jusqu'au grotesque.
Ce rôle semble en effet taillé sur mesure pour l'ancien Deschiens qui compose pour le Grand Mamamouchi Jourdain un personnage dans la lignée de ce qu'il a pu faire auparavant: naïf, ahuri, presque enfantin, avec des irruptions de violences autoritaires frôlant parfois l'absurde.
Si la pièce repose évidemment grandement sur cette interprétation, Catherine Hiegel a su également s'entourer d'habiles comédiens, tel Alain Pralon, sociétaire de la Comédie Française, qui incarne un maitre de philosophie éclairé ou encore Géraldine Rodez qui campe une Nicole dans la ligne directe du génie comique de Molière.
Ce Bourgeois Gentilhomme est une farce burlesque qui fait la part belle au divertissement, laissant un peu de côté le comique incisif et spirituel de Molière. On espérait de la part de Catherine Hiegel une mise en scène un peu plus inspirée. Il n'en demeure pas moins un très bon moment de théâtre.
Les deux heure trente, plus entracte, que durent le spectacle passent très rapidement et sont ponctués sans cesse des rires d'un public tout acquis au frasques moréliennes jusqu'à l'apothéose finale, grandiose. |