Monologue dramatique écrit et interprété par Olivier Soler dans une mise en scène de François Favrat.
Un jour d'hiver. Un seul-en-scène, parmi tant d'autres. Le désir et la curiosité endolories et en veilleuse.
L'obscurité se fait. Quelques dames sont "en-chut!-ées". Pour se venger, l'une d'elles actionne la fermeture-éclair de son gros sac. Le silence, enfin. Et une voix.
Une voix qui sort de loin, de derrière la tête. Qui se permet de parcourir l'arrière de ma tête de mots chuchotés et déjà si familiers ? Un homme brun descend les escaliers, souple, félin, pas très bien intentionné, le genre à faire des histoires ou, ici, à en raconter.
Il revient d'un enterrement. Il angoisse, puis il gère, comme on dit à la T.V. Mais rien ne va très bien. A sa façon de vouloir tout aligner, bien ranger, on devine le gibier à psychiatre, l'allongé à durée indéterminée et un d'éther et minée etc... Il aime vraiment trop les chaussures en ordre, les souvenirs au carré, les jeunes filles propres, les prisonniers à Alcatraz, pas des touristes qui visitent, avec des baladeurs.
Ce garçon n'est pas très bien dans son époque. Il regrette son père mort, son père impuissant dans la mort, qui lui a légué son impuissance et sa mort, merci, Maître, les droits à payer sont de combien ? Il sent que la Faucheuse le suit, ce dandy sombre, ce moine charnel à poulaines fluo, il devine qu'on parle de lui, au stade, à l'église, qu'on pouffe dans les portables de blondes à son sujet. Il aspire au sublime et il tousse, il crachote ses souvenirs, il se mouche, il ne ricane jamais, il remet de l'ordre, à l'équerre, jusqu'au dalles scellées.
Rarement, on n'aura vu ainsi représenté l'homme contemporain, adolescent quadragénaire qui sait n'avoir pas vécu, peu reçu en transmission et qui n'attend plus rien de la femme, une ennemie qui couche malgré tout, mais qui a muté.
C'est noir, délicieux, cynique et troublant en diable, promenade de bord de falaise par une nuit sans lune.
"L'heure d'après", subtilement mis en scène par François Favrat, c'est une heure de vérité, une percée de nuage, un astre noir, certes, mais un comédien... Olivier Soler. |