Si les meilleures choses ont une fin, elles ont aussi souvent beaucoup de retard, et c'est plus de quatre mois après sa sortie que l'on découvre l'excellent Black Diamond Blues, quatrième album d'aMute, projet-pseudonyme de Jérôme Deuson, poète belge des sonorités évocatrices.
La musique est ici clairement expérimentale, abstraite, affranchie de toute notion de rythme, de mélodie, d'une certaine cohérence, même. Mais le diamant, précieux, est précisément ciselé. Point ici de la matière brute à peine extraite de la mine, qu'aiment à torturer certains, qui reprendraient bien à leur propre compte la déclaration profonde de Stuart Braithwaite, formulée il y a déjà plusieurs albums de Mogwai de cela (en un temps, probablement, où "My Father My King", "Superheroes of BMX", "Stereodee" et autres pièces denses n'appartenaient pas encore à la préhistoire d'un groupe mythique mis en stade, comme certaines nourritures nobles se laisseraient mettre en boîte) : "I love noise".
On va déjà ici un peu plus loin que cette approche abrupte, pesante, épaisse, de sorte que l'on recommandera plutôt l'album aux amateurs des acrobaties aériennes de Rothko ou Tim Hecker, d'un Molasses plus muet, d'un Set Fire to Flames sous opium. Magnifique voyage aux consistances improbables. C'est beau, et c'est nouveau – même quatre mois plus tard. |