Sur une musique impériale
de péplum, les cinq fines lames de Ghinzu,
en promotion de leur deuxième album Blow,
investissent la petite scène de la Boule Noire déjà
envahie d’instruments, look années 60, costume noir
chemise blanche, sauf le batteur en cravate à même
la peau, et perruques afro à ras de nez.
Tombée de perruques au fil des morceaux, découvrant
au clavier John Stargasm, chanteur leader
du groupe, physique ravageur à
la Fabio Testi (pour les cinéphiles des années 70)
ou à la Vincent Delerm (pour les bobos des années
00), un guitare héros aux longs cheveux blonds et pied dans
le plâtre, un second guitariste aux allures de mannequin pour
Jean Paul Gautier qui finira en Marcel, une basse impertubable et
un batteur à la Tom Barman.
D'ailleurs Ghinzu est un groupe qui comme dEUS, et comme nous le
disait Tom Barman à la Route
du Rock, appartient à cette éponge qu'est la scène
rock belge mais une éponge que l'on trouverait plutôt
chez Colette que dans sa supérette préférée.
Sexy, dandys, un rien maniérés, alternant le noisy
et la bluette accompagnés au pianoforte, Ghinzu est un groupe
fortement contemporain qui sait faire de la musique et surfer sur
l'air du temps.
Cela étant, il est clair que Ghinzu ne bâtit pas une
œuvre pour la postérité mais se place délibérement
du côté du divertissement. Avec un sens certain de
l’autodérision, il se veut un groupe de belles gueules
qui fait de la musique basée sur le look et le show. De ce
côté-là, ça fonctionne plutôt bien
à condition de connaître ou reconnaître ce postulat
de départ.
Côté musique, comble du réalisme ou de la présomption,
Ghinzu dit : "On ressemble à tout
et on ne ressemble à rien". Ce qui est juste
car Ghinzu parvient à une synthèse réussie
de divers registres musicaux, du rock ténébreux de
dEUS, du rap dandy des Fun
Lovin Criminals, du punk rock digne des plus sordides caves
du Royaume Uni des années 75-80, des montagnes russes sonores
à la Mogwaï à de
la brit pop enragée.
Energie de crescendo, maelstroms soniques, morceaux plus longs
que le format classique, des paroles percutantes ou doucereuses
(love, sex and rock'n roll), ça déménage souvent,
le chanteur monte sur son clavier et esquisse une danse langoureuse,
et des titres comme "Did you read me"
avec ses accents brit pop enragés, manifestement le tube
de la soirée même s'il convainc moins l’auditoire,
car de facture plus classique, pour s’achever sur un final
spéciale oto-rhino ou "Dracula
cowboy" entre Pixies, voix
à la Kim Deal, et Muse
Pour le rappel, une fort réussie reprise de Purple
Rain chanté la tête dans un bidon façon
pot pourri rockabilly clôt le show-case qui laisse présager
d'un beau succès pour leur concert à la Maroquinerie.
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