Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Oedipe
Théâtre du Lucernaire  (Paris)  février 2012

Tragédie de Voltaire, mise en scène de Jean-Claude Seguin, avec François Chodat, Vincent Domenach, Luc Ducros, Marie Grudzinski, Antoine Herbez et Juliette Wiatr.

 Le théâtre de Voltaire n’a pas bonne presse, car on prétend qu’il serait le maillon faible de l’oeuvre du grand philosophe des Lumières. Du coup, personne n’ose monter ses nombreuses pièces.

La Compagnie-Théâtre du Loup-Blanc, en exhumant "Œdipe", sans doute sa première tragédie, n’a pas travaillé pour les amateurs de curiosité mais bien pour les amoureux du théâtre en leur prouvant magistralement qu'il ne fallait pas se fier à la rumeur : Voltaire est aussi un bon dramaturge.

Certes, il ne faut pas le comparer aux géants classiques. Au contraire, on doit se souvenir que cette notion de "théâtre classique" n’avait pas encore cours à l’époque de Voltaire, celui-ci se percevant en tant que "Moderne" face à Corneille et Racine jugés comme "Anciens".

Ici, il ne s’agit plus de construire une intrigue compliquée, empruntant à la fois au ton précieux et au ton baroque, avec des personnages agissant et rétroagissant selon une implacable combinatorique de sentiments.

Non, Voltaire bâtit un récit cursif saisissant le moment où Œdipe, régnant sur Thèbes frappée par la désolation et le malheur, va découvrir l’enchaînement fatal qui l’a conduit à tuer son père et à coucher avec sa mère.

En privilégiant la frontalité des personnages, et en prouvant qu’ils sont d’abord exposés aux grands enjeux de l’existence (vivre, aimer, mourir), le metteur en scène, Jean-Claude Seguin, a compris que Voltaire était plus près de Shakespeare, dont il sera d’ailleurs le premier à propager les œuvres en France, que de notre théâtre classique.

La scénographie épurée de Charlotte Villermet, à l’aide de tentures sombres et de quelques éléments épars, parfois inondés dans la lumière ou noyés dans la fumée, accentue la tension extrême parcourant la pièce.

Aucun temps mort, aucun répit ne sera dès lors plus permis et les acteurs vont surgir de la scène ou de la salle, non pas pour marteler des morceaux de bravoure épique, mais pour dire leurs vers sans affectation.

Ni vers de mirliton, ni alexandrins chantournés ne sortent de leurs bouches. Le texte de Voltaire a ses beautés et tous les comédiens d’Œdipe en sont pleinement convaincus : leur diction est nette et leur ton jamais imprécis et emphatique.

Les costumes intemporels de Florinda Donga contribuent en outre à éloigner les personnages de toute tentation de kitsch antique.

On appréciera particulièrement la sobriété de l’interprétation de Vincent Domenach, qui ne fait jamais sombrer Œdipe vers le pathos, ainsi que celle de Marie Grudzinski à son unisson dans le rôle de Jocaste. Il y a de la raison dans leur déréliction, ce qui va bien dans le sens voltairien.

On pourra bien sûr considérer ce spectacle réussi comme un excellent divertissement, mais on pourra déjà déceler de la passion antireligieuse dans cette œuvre du jeune Voltaire.

En effet, Œdipe est victime des prédictions d’oracles et de leurs interprétations par des prêtres qui s’arrogent la parole divine. Mais, en choisissant de se punir eux-mêmes sans même maudire les Dieux qui ont instrumenté leurs souffrances, Œdipe et Jocaste mettent la conscience humaine au-dessus du divin.

Dans son théâtre, Voltaire n’oublie pas son message philosophique, Jean-Claude Seguin l’a très bien compris.

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch
"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard
et toujours :
"Le carnajazz des animaux" de Dal Sasso Big Band"
"Deep in denial" de Down To The Wire
"Eden beach club" de Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
"Ailleurs" de Lucie Folch
"Ultrasound" de Palace
quelques clips en vrac : Pales, Sweet Needles, Soviet Suprem, Mazingo
"Songez" de Sophie Cantier
"Bella faccia" de Terestesa
"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Cach

Au théâtre

les nouveautés :
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
zt toujours :
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
et toujours :
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=