Réalisé par Stéphane Lafleur. Canada/Québec. Drame.
1h29. (Sortie 29 février 2012). Avec Francis La Haye, Fanny Mallette, Michel Daigle et Sylvain Marcel.
Tout est singulièrement normal dans "En terrains connus" : le Québec
est sous la neige, les êtres sont bruts de décoffrage et parlent un
français baroque qu’on a tort de vouloir sous-titrer.
Ils ont des
chandails qu’Emmaüs distribue aux SDF, des chemises à carreaux que
personne n’oserait revêtir chez nous, et des bonnets sans caractère.
Ils pellettent la neige, font du skidoo et des bonhommes de neige, mangent n’importe quoi et que du pas bon.
Bref, c’est le Québec tel qu’on l’aime ou qu’on le quitte pour un ailleurs indéfinissable.
C’est ce qui finit par arriver dans "En terrains connus" : l’ailleurs est étrange et fait chaud au cœur surtout quand le chauffage met du temps à démarrer et que le bois est trop sec pour brûler. Ici, on trouve des petites autos sous la neige avec l’aide des poêles à frire conçues pour dénicher des trésors. Ici, surgissent des hommes du futur... mais le futur est situé simplement quelques mois en avant et celui qui l’annonce est un loueur de voitures. Ici, un frère et une sœur croient ne plus s’aimer parce qu’ils s’aiment trop et trop mal.
Ici, tout est alternatif, le froid et le chaud, le confort petit-bourgeois et les grands espaces, mais rien n’est manichéen pour Stéphane Lafleur qui retrouve ce ton légèrement aléatoire qui faisait un moment le charme des films d’Hal Hartley.
Il s’appuie sur des comédiens qui paraissent être des amateurs jouant leurs propres personnages. On retiendra la belle angoisse de Fanny Mallette, qui rappellera à beaucoup l’irremplaçable Geneviève Bujold.
Au final, un film plus fantasque que fantastique, qui ne cherche pas vraiment à plaire mais qui y parvient totalement parce qu’il a un ton unique. Un film habité et habitable pour peu qu’on accepte la proposition d’un autre cinéma nord-américain, qui n’emprunte jamais les sentiers trop balisés de son homologue étasunien, même quand on le dit "indépendant".
À découvrir séance tenante avec de bonnes moufles et une chaude écharpe... |