Certains disques sentiraient presque les effluves du métro parisien tellement on les devine inspirés par la Capitale, ses ébranlements vibrants de métropole et son esprit gavroche et ces utopies de solidarité et d'associations disparates.
Avec ce nouvel album de Syrano, on est davantage dans la dilatation et les voyages sans frontières, deux ans qu'il a passé sur les routes du vaste monde : de la Chine à l'Allemagne, de Porto Alegre à Tunis...
L'artiste originaire de Chartres dans l'Eure-et-Loir vit son rêve d'artiste à la convergence de toutes les traditions musicales. Ce n'est pas qu'il soit dans une quelconque posture politique, il active la corde des uns, le souffle des autres, le rebondi d'une peau tendue... Deux ans à capter des sons, à rencontrer des chanteurs, des musiciens, sans souci de leur histoire, de leur héritage autre que celle qui réjouit l'âme. Il est parti se perdre et revenir plus fort avec un disque qui mêle tous ces voyages, qui comme un carnet de dessins, fait partager une peu de cette vie sur le fil, extraordinaire et banale.
Syrano avait une matière riche et il a réussi à faire un disque qui résonne, qui touche. Le signe distinctif de Syrano reste cette exigence du texte, du mélange. Jamais il n'aura livré des réflexions si intimes, comme si ces voyages l'avaient ramené paradoxalement à une plus grande introspection, comme s'il recherche aujourd'hui à être au plus vrai de lui-même.
Le petit Sylvain pointe son nez sous le masque de Syrano. Ou comment obtenir un album de l'intime à partir d'un nombre de collaborations qui donne le vertige. Alors les styles se succèdent et sans se ressembler : des valses slaves, à la ritournelle qu'aurait salué Georges Brassens en passant par la chanson folk en anglais. Le parcours de Syrano est encore une fois pavé de surprises et de poésie, comme s'il donnait à l'artiste une mission sociale, investi dans le monde, architecte de passerelles inédites, se nourrissant d'exotisme pour mieux revenir à soi et le faire partager.
Les plus belles cités sont celles que l'on construit en rêve, juxtaposant le passé et le présent, l'éloignement et la proximité, les odeurs de pins et de café. Syrano nous offre son interprétation du monde et une visite dans Les cités d'émeraudes (c'est vrai que "Les Cités d'Or", c'était déjà pris...). |