Pour la collection "Vendredi 13" qui paraît aux Editions La Branche ("une date, un genre, 1001 possibilités"), tous les auteurs heureux élus ne jouent pas vraiment le jeu du roman dédié (cf. "Le chien de Don Quichotte").
Et à la mi-temps de la série, c'est Pierre Pelot qui décroche le pompon car non seulement la date fatidique n'est qu'évoquée mais, avec "Givre noir", il procède par voie du recyclage.
En effet, il recycle une nouvelle éponyme publiée en 2009, sous forme d'un feuilleton estival pour le magazine Télérama, qui reprend le registre et les figures archétypales qu'il affectionne dont certaines de "L'été en pente douce" paru en 1987 et porté au cinéma par Gérard Krawczyk.
Et tant à être dans la référence cinématographique qui donne le ton de l'intrigue au coeur de ce roman noir, peuvent également être cités d'autres films contemporains, "L'été meurtrier" tourné en 1983 par Jean Becker d'après le roman de Sébastien Japrisot et "Bleu comme l'enfer" réalisé en 1985 par Yves Boisset, à partir du roman de Philippe Djian.
Entre tragédie pseudo-urbaine et huis clos délétère, "Givre noir" se déroule essentiellement dans l'atmosphère caniculaire de l'été continental lorrain dans une grande maison où habitent Stany, un riche septuagénaire cacochyme et excentrique, passionné de paléontologie et de serpents, qui traîne toujours en robe de chambre et joue aux trains électriques en reluquant les appâts de sa nièce par alliance, Nell, Lolita légère et court vêtue, "une petite garce aux dents pointues", qui vient de se faire plaquer par son amoureux, le mécanicien du garage voisin.
La maîtresse de maison, c'est Mado, la soixantaine avenante malgré les drames vécus, la mort de son mari et le décès tragique de ses enfants, et de beaux restes de femme fatale de roman noir américain des années 50, cheveux platinés et permanentés, maquillages yeux sombres et lèvres rouges.
Et tout commence avec l'arrivée d'une soi-disante connaissance de Mado, Dustin, la quarantaine, look Dick Rivers, visage tuméfié, dont la présence intrigante va servir de catalyseur d'un drame à double détente et à grain de sable qui prend racine dans les secrets du passé et les passions du présent.
Meurtre, machination, vengeance, manipulation, Pierre Pelot en distille les inattendus rebondissements avec le savoir-faire de l'écrivain prolifique qui permet de passer sur certains fils éculés.
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