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Ateliers Berthier  (Paris)  mars 2012

Comédie dramatique de Molière, mise en scène de Ivo van Hove, avec Lea Draeger, Lars Eidinger, Franz Hartwig, Corinna Kirchhoff, Judith Rosmair, David Ruland, Sebastian Schwarz et Nico Selbach.

Dans le cadre du Tandem Paris-Berlin, après "La Dame aux camélias" de Frank Castorf et "Die sonne" mis en scène par Olivier Py, le Théâtre National de l'Odéon accueille une autre création du Théâtre de la Schaubühne, "Le Misanthrope" de Molière dans une version décapante du metteur en scène belge Ivo van Hove.

Décapante car ce dernier, dans une contextualisation à l'acuité tout aussi pertinente que réussie, et bien que s'inscrivant dans la veine de la fidélité au texte original avec la traduction de Hans Weigel, amplifie le réalisme caractérologique les deux personnages principaux que sont l'atrabilaire amoureux Alceste et la coquette et mondaine Célimène, donne à la comédie des accents de drame et lui assigne un dénouement singulier.

La mise en scène de Ivo van Hove est articulée autour des deux éléments essentiels de la pièce, qui se révèlent résolument intemporels, les ravages de la passion amoureuse et la vacuité sociétale.

Plaçant le couple Alceste-Célimène sous l'emprise d'un érotisme torride, il fait de cette comédie la tragédie de l'amour réciproque et consommé, profond et sexuel, qui dépasse la raison entre deux êtres que tout oppose, obscurcissant celle du premier, égocentrique et politiquement nihiliste, arrivé au stade de la fureur dévastatrice tant par une jalousie violente que par une exigence de sincérité absolue dynamiterait toute société.

L'intrigue, qui navigue impertubablement vers la scène de ménage du quatrième acte qui, brisant le quatrième mur, va essaimer dans la salle pour se poursuivre sur le boulevard Berthier laissant ébaubis les passants, se développe dans le microcosme du "beautiful people" du 21ème siècle, des trentenaires bobos branchés et oisifs, narcissiques mais ultracommunicants, pitonnés à leur téléphone portable et autres gadgets numériques, et le décor incontournable d'un white-loft minimaliste conçu par Jan Versweyveld.

La proposition de Ivo von Hove, qui sait également user des ficelles du spectacle, puise dans un thésaurus devenu récurrent sur scène, notamment l'omniprésence de la vidéo, qui pourra chagriner d'aucuns quant à la valeur ajoutée d'images en aplat même si elle trouve une légitimation pour évoquer la société du paraître et un monde saturé d'images.

Ainsi en est-il du bordel sur scène (la scène explosive et trash de l'apéritif dinatoire dans laquelle le misanthrope se livre à une performance de body art alimentaire pour dénoncer la malbouffe, puis la scène jonchée de détritus symbole d'une société contemporaine réduite à sa plus triviale expression) et des scènes hors champ dont les images sont projetées sur une fenêtre-écran du décor chers à Frank Castorf.

De même pour les gros plans psychologisants des visages projetés en quasi permanence sur ladite fenêtre filmés non pas selon la pratique habituelle de la caméra au poing de Krzysztof Warlikowski mais à travers les parois latérales miroir du décor.

Cela étant sur le fond, l'interprétation est imparable et de grande qualité, l'appareillage hf, impeccablement réglé pour éviter que le son ne vienne des cintres, qui évite aux comédiens de forcer la voix, permettant un jeu très fluide sur le vrai ton de la conversation brisant le piège de la mélopée de l'alexandrin.

Lars Eidenger, comédien puissant et charnel, est magistral dans une déclinaison exacerbée du personnage-titre, toute en humeurs pulsionnelles irraisonnées, parfois bestiales, désespéré et victime d'une folie dévastatrice et autodestructrice, le poussant aussi bien à vouloir étrangler la femme qu'il aime qu'à tenter le suicide, et qui éructe les paroles d'une chanson de Billy Joel ("Honesty") face à une société de l'imposture.

Judith Rosmair, dont le physique gracile évoque parfaitement le stéréotype de la jeune femme urbaine contemporaine, donne à Célimène, en perpétuelle représentation et qui aime jouer avec le feu et veut concilier son goût pour la frivolité et le badinage amoureux avec les exigences de la passion pour un homme hors du commun, sauvage et possessif, une présence sensuelle fascinante et une densité émotionnelle inattendue.

Un autre couple appelle l'attention : le couple en symétrie,dans le comportement raisonnable du juste milieu pour composer, non sans réticences douloureuses, avec les exigences de la vie en société, très subtilement interprété par Jenny König et Sebastian Schwarz.

Autour d'eux, David Roland, Franz Hartwig et Nico Selbach campent efficacement les petits marquis et Corinna Kirchhoff est impériale dans le rôle de la perfide Arsinoé.

 

MM         
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Du côté de la musique:

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"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
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"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

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"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
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"Painkiller" au Théâtre de la Colline
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Du cinéma avec :

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"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

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"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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Lecture avec :

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"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
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